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ENTRETIEN AVEC AMÉLIE ROBINS

ENTRETIEN AVEC AMÉLIE ROBINS

samedi 29 septembre 2018

Photo Sophie Zorgno

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Depuis 8 ans, votre parcours a été particulièrement important dans l'univers lyrique
J'ai, à mon répertoire, une cinquantaine de rôles aussi bien en opéra qu'en opérette. Sans que la liste en soit exhaustive, je citerai pour l'opérette : La Vie parisienne, Le Sire de Vergy, Giroflé Girofla, les deux rôles féminins du Pays du sourire, Andalousie, L’Auberge du Cheval Blanc, La Veuve joyeuse etc… En opéra : Les Contes d'Hoffmann, Carmen, Les Noces de Figaro, Cosi fan tutte, Falstaff, etc. J’ai chanté dans des lieux prestigieux comme le Théâtre Antique d’Orange ou le Théâtre des Champs Elysées. J'ai effectué très récemment les prises de rôles de Gilda dans Rigoletto, et de la Reine de la nuit dans La Flûte Enchantée . Je serai de nouveau à l’Opéra de Nice à la fin de la saison pour le rôle principal féminin de The Rake’s progress de Stravinski.

Vous venez d'aborder, à l'Opéra de Nice, le rôle d'Eliza dans My Fair Lady.
Cela constituait pour moi un vrai pari et une volonté de me départir d'un répertoire classique qui a été jusqu’à présent mon lot. Aller d'un genre à l'autre ne peut qu'enrichir un interprète. Je considère par ailleurs que, lorsqu'on aborde le répertoire de la comédie musicale, il y a tout un travail fort intéressant à accomplir pour éviter la confusion des genres. Il faut s’abstenir par exemple de chanter trop « lyrique ». Le texte est aussi extrêmement important mais mon expérience de l'opérette m'a apporté beaucoup ainsi qu’Alain Duault, qui m'a souvent entendue, me le faisait remarquer. J’ai beaucoup travaillé car mon souci est de jouer et de parler juste comme les comédiens de théâtre.

Une pièce comme My Fair Lady est évidement un gros morceau de théâtre et le livret est moins « anodin » que dans certaines opérettes…
La pièce de George Bernard Shaw, dont s’est inspiré Alan Jay Lerner, exprime beaucoup de choses profondes sur la volonté d’émancipation de la femme avant la lettre, sur son évolution, sur le rapport de l’héroïne avec les hommes, et tout cela mérite un travail à la mesure de l'enjeu. Ce qui m'a plu était de traduire l'évolution d'une petite marchande des halles qui, devenant en quelque sorte une duchesse, doit assumer les conséquences de cette évolution avec un très riche éventail de couleurs et de sentiments. Eliza est un papillon qui sort de sa chrysalide donnant naissance à une femme capable in fine de maîtriser elle-même ses décisions. Au-delà de la simple phonétique, elle apprend inconsciemment en quelque sorte du professeur Higgins à se déterminer dans ses choix. Il y a aussi ses rapports avec son père qu'elle aime car c'est une jeune fille qui a le cœur sur la main. Il l'a sûrement battue dans son enfance et pourtant c'est elle qui l'entretient à sa manière en lui donnant de l'argent. C'est un personnage courageux qui essaye de gagner sa vie et qui a la volonté de prendre des leçons afin d’accéder à un statut social. Elle s'accroche à Higgins parce qu’il est un père de substitution et elle cherche, de manière permanente et fébrile, dans son regard comme dans ses propos la reconnaissance de l'amour paternel qu'elle n'a pas eu. D'un point de vue vocal, ce qui m'intéresse dans la comédie musicale, c'est une certaine liberté d'interprétation qui manque quelquefois dans le cadre étroit de l'opéra.

Avez-vous l'impression d'une évolution dans votre voix ?
C'est incontestable. J'ai chanté au tout début de ma carrière des rôles extrêmement légers et un emploi comme Lisa du Pays du Sourire que j'ai abordé cette année à l'Opéra d'Avignon, exige un plus grand élargissement dans le médium, ce qui est la spécificité des grandes œuvres du répertoire viennois. Avec My Fair Lady, j'ai encore franchi une étape avec certaines notes graves, mais il est vrai que l'appui du micro permet de ne pas les surtimbrer.

Qu’aimeriez-vous interpréter ?
Un de mes premiers souhaits a été réalisé cet été en abordant Gilda de Rigoletto.
Mais mon rêve le plus cher est de chanter la Manon de Massenet qui, par certains côtés, a quelques traits communs avec Eliza en ce qui concerne la "montée dans la société". Petite jeune fille destinée au couvent, elle devient femme adulée à l'acte du Cours la Reine mais sa passion dévorante pour l'argent la conduit inéluctablement vers la mort. Là encore, le parcours de cette héroïne me fascine.

Propos recueillis par Christian Jarniat

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