Muriel Mayette-Holtz a, depuis qu’elle préside aux destinées du Théâtre National de Nice, souhaité multiplier les actions de cette maison en constituant, entre autres, une troupe à l’instar de ce qu’elle a connu en sa qualité d’administratrice de la Comédie-Française. Cette troupe participe à nombre de spectacles dans le cadre de la saison mais anime, en outre, tout au long de celle-ci, d’autres manifestations particulièrement intéressantes. C’est ainsi que, sous le titre générique de : « Ça chante au balcon », sont programmées des soirées consacrées à la chanson qui se déroulent dans la grande salle du bar située au premier étage du théâtre. (La première de cette série était dédiée à Serge Reggiani).
Comme dans un cabaret, des tables sont disposées pour accueillir, avec convivialité, le public qui peut consommer plats et boissons pendant le spectacle. Pour la circonstance Jonathan Gensburger se transforme en brillant maître de cérémonie, à la fois dynamique et drôle, échangeant avec le public et interviewant chacun des membres de la troupe avec autant d’habileté que d’humour. On sait que les membres de cette troupe se sont employés à travailler la chanson même si, pour un certain nombre d’entre eux, ils ne s’étaient encore jamais confrontés à pareil exercice et on avait déjà eu un aperçu de leur indéniable talent en la matière lors de la présentation de la saison le 4 septembre dernier. Parfaitement préparés et accompagnés au piano par François Barucco ils ont interprété quelques-uns des succès de Serge Reggiani, notamment « Le Barbier de Belleville » (amusant pastiche de l’opéra de Rossini) qui donne l’occasion à Augustin Bouchacourt de faire preuve d’un abattage vocal certain, suivi de l’émouvante chanson « Il suffirait de presque rien » dans laquelle les deux comédiennes, Eve Pereur et Sophie de Montgolfier (remplaçant Pauline Huriet) jouent les choristes de charme tandis que Frédric de Goldfiem se révèle subtil et ironique dans « Le souffleur » et puissant dans « Les loups ». On a également apprécié Thibaut Kuttler dans « L’absence », Sophie de Montgolfier dans « Votre fille a vingt ans » et Jonathan Gensburger dans « Madame Nostalgie ».
Toute la troupe entame en un bel ensemble final « Le temps qui reste ». En bis Muriel Mayette Holtz nous révèle la énième corde à son arc particulièrement fourni : celle de fascinante chanteuse avec un vibrant « Si tu me payes un verre » qui lui vaut une ovation parfaitement justifiée.
On attend la prochaine étape avec autant d’impatience qu’on a eu de délectation à savourer cette succulente soirée.
Christian Jarniat