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?Théâtre National de Nice Bande-annonce Goldoni

?Théâtre National de Nice Bande-annonce Goldoni

mercredi 7 octobre 2020
Photo C Pellegrin

Le Théâtre National de Nice proposera, au mois de mai 2021, la trilogie des Aventures de Zelinda et Lindoro de Carlo Goldoni écrite par ce dernier en France entre 1763 et 1764. Ce sera l’occasion d’inaugurer la nouvelle salle du théâtre située en l’église des Franciscains place Saint-François à Nice. La trilogie de Zelinda et Lindoro est une grande fresque sur « les vicissitudes sinueuses de la maladie de l’amour ». 
 
Dans la première comédie, Les Amours de Zelinda et Lindoro, deux jeunes gens de bonne famille, que le destin a contraint à la pauvreté, entrent au service du noble Don Roberto. Ils devront franchir un nombre incalculable d’obstacles avant de pouvoir s’épouser. Dans la deuxième pièce, La Jalousie de Lindoro, le jeune couple est déjà en crise car le mari, malade de jalousie, est tourmenté par l’angoisse de perdre sa femme. Dans le troisième opus, Les Inquiétudes de Zelinda, Lindoro, convaincu de la fidélité exemplaire de son épouse, déploie des efforts surhumains pour guérir de sa jalousie et affecte une confiance qui semble à Zelinda de l’indifférence. Celle-ci essaie par tous les moyens de le rendre jaloux, convaincue que Lindoro ne l’aime plus. Une œuvre en trois partie aux mille rebondissements où se conjuguent aventures, intrigues, incessants rebondissements et passion.  

Cette trilogie de Goldoni est une œuvre gigantesque qui se déroule sur près de six heures. Que peut-il se passer si l’on demande à quatre acteurs de jouer les trois pièces (soit 9 actes et 170 scènes) en moins de 45 minutes en incarnant une trentaine de personnages ? Un impossible défi ! Car il s’agit, en l’occurrence et en prélude aux représentations du mois de mai, de proposer au public une bande-annonce, comme on le ferait pour un film, le but étant bien entendu de donner envie d’aller voir ultérieurement l’intégralité des trois pièces au théâtre. Un challenge auquel s’est attaché Edouard Signolet qui a écrit et mis en scène, avec un exceptionnel brio, cette bande-annonce (et qui présentera, au cours du mois de novembre au TNN, Petite leçon de zoologie à l’usage des princesses puis, au mois d’avril, la comédie musicale Alice au pays des merveilles). 

Ce sont quatre comédiens de la troupe : Augustin Bouchacourt, Pauline Huriet, Thibaut Kuttler et Eve Pereur, tous entièrement de blanc vêtus (veste, cravate, chemise, pantalon et chaussures) qui, sur le plateau entièrement noir de la salle Michel Simon interprètent cette symphonie bicolore en trois mouvements : andante, molto allegro et prestissimo. Ils incarnent les principaux personnages, Lindoro et Zelinda, mais aussi Don Roberto, Fabrizio, Flaminio, Dona Eleonora, la cantatrice Barbara ainsi que tous les autres. Une horloge électronique décompte le temps pour enserrer les protagonistes dans les 45 minutes requises. Au fur et à mesure, les trois pièces défilent sous les yeux émerveillés autant qu’amusés du public, tout d’abord la première qui est expliquée dans les détails, la seconde qui est davantage elliptique avec des dessins quelque peu gribouillés dans tous les sens sur un paperboard et la troisième qui est survolée à une vitesse vertigineuse par une lecture sur quatre pupitres. Les comédiens sont presque arrivés au but mais l’horloge est intraitable car elle les a pris de vitesse. Mais ce n’est qu’un leurre car, en réalité, tout est extrêmement bien calculé à la seconde près comme la plus précise des mécaniques d’horlogerie et rien n’est laissé au hasard. Les comédiens survoltés dans une exubérance échevelée, jouent, sautent, virevoltent, dansent, déclament, commentent, changent d’emploi dans une éblouissante chorégraphie qui ne leur laisse aucun répit. Oui un véritable exploit que de parcourir cette trilogie à un rythme d’enfer et surtout un pari relevé haut la main que de mettre l’eau à la bouche des spectateurs en leur donnant une furieuse envie d’aller voir l’intégrale de cette trilogie de Goldoni au mois de mai ! N’est ce pas la première vertu d’une bande-annonce lorsqu’elle est aussi bien réussie ?

Christian Jarniat
7 octobre 2020

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