Il y a quasiment un an Michel Plasson avait dirigé sur cette même scène de l’Opéra de Nice un concert pour le centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns. En ce mois d’octobre, il retrouvait un public toujours aussi nombreux qui avait envahi jusqu’à la dernière place du Paradis de l’Opéra. Cette fois-ci le maître avait dédié son concert au bicentenaire de la naissance de César Franck.
Alors qu’il rejoignait son pupitre aidé de sa canne et soutenu par un musicien de l’orchestre, on ne pouvait s’empêcher de voir défiler toutes les années dédiées à la musique, principalement à la musique française qu’il a dirigée de par le monde et dans les plus grandes salles d’opéra ou de concerts.
Après trente cinq ans passés à la tête de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, et avoir été chef principal de l’Orchestre philharmonique de Dresde et chef principal de l’Orchestre symphonique national de Chine, il continue toujours à transmettre sa passion de notre répertoire national à l’Académie internationale de musique française qu’il a fondée à Régismont-le-Haut, près de Beziers. Là, de jeunes artistes instrumentistes et chanteurs de toutes nationalités viennent bénéficier de son enseignement ainsi que des conseils de professionnels réputés du monde de la musique.
Après un enchanteur Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel, Michel Plasson prenait le micro pour nous présenter deux de ses « protégés » ukrainiens qu’il avait accueillis cet été dans son Académie, tout d’abord Oleksandr Dzvinkovskyi dans le Concerto en sol de Ravel (appris en 3 semaines pour la circonstance) puis Bohdan Luts dans le Concerto pour violon et orchestre, en ré majeur op. 35 (2ème et 3ème mouvements) de Tchaïkovski. Deux jeunes talents qui, après ce séjour en France, avaient du rejoindre leur pays et la guerre. Ce concert, on l’a compris était aussi l’occasion pour lui de montrer que la musique est un langage de paix qui transcende les frontières.
« Vive l’Ukraine » criait un spectateur, « vive la Musique » répliquait Michel Plasson.
Oui, vive la musique et cette magnifique interprétation de la Symphonie en ré mineur de César Franck qu’il nous délivrait comme une parfaite illustration du titre du Concert : ” l’Âme de la Musique française “, cette âme qui du bout de sa baguette avait touché la nôtre, mais aussi celle des musiciens de l’orchestre philharmonique que l’on sentait en communion totale sous la direction du Maestro.
Un bouquet de fleurs était apporté aux (innombrables) saluts. Michel Plasson prenait une dernière fois le micro pour nous confier que c’était sa femme Mercédes qui le lui avait envoyé. Puis, de la main, il nous adressait un dernier au revoir, agitant un mouchoir comme un adieu…mais on le sentait heureux que la jeune génération soit accueillie avec tant de chaleur. Oui, Plasson rime avec Émotion.
Catherine Pellegrin