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Internationale Händel Festspiele de Karlsruhe : Ottone, Re di Germania

Internationale Händel Festspiele de Karlsruhe : Ottone, Re di Germania

mercredi 28 février 2024

© Felix Grünschloß

Le Festival Händel (Internationale Händel Festspiele) de Karlsruhe présente cette année sa 46ème édition, qui se déroule entre le 16 février et le 4 mars, deux productions d’opéra à son affiche, ainsi que plusieurs concerts. Chaque spectacle d’opéra reste généralement deux saisons consécutives au programme de la manifestation, comme c’est le cas de ce rare Ottone, Re di Germania, créé ici-même en 2023 et repris à présent, avec sensiblement la même distribution. Le titre est en effet très rarement représenté, même s’il en existe plusieurs enregistrements.

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©Felix Grünschloß

La mise en scène de Carlos Wagner est digne des meilleures maisons d’opéra et nous en met plein les yeux, dans les décors majestueux et les élégants costumes de Christophe Ouvrard. Le lever de rideau met le public face à l’imposante façade grise d’un ancien palais décati, des volées d’escaliers sur les côtés menant à des paliers soutenus par des étais de notre époque. L’enduit ou la peinture en surface des parois se craquèle, ainsi que le maquillage sur les visages des personnages de Gismonda et Adelberto, à la manière de statues blanches et grises qui se seraient mises en mouvement, un choix bien en lien avec les indications du livret (« Una galleria adornata con statue », soit une galerie décorée de statues).

A nouveau en lien avec le livret « (« Tende lungo la riva del mare con navi alla fonda », soit des tentes en bord de mer), une partie centrale du mur se lève en première partie pour laisser place à des projections vidéos de mer et ses vagues agitées. Ce procédé est cependant utilisé avec parcimonie, tandis qu’en seconde partie, le plateau tournant est mis en action pour nous montrer l’envers du décor, à savoir une épave de bateau, des planches enchevêtrées et débris de décors. Le jeu théâtral des six protagonistes est bien réglé, avec densité et le plus souvent une certaine économie de mouvements. On note tout de même l’utilisation répétée du même procédé pour la plupart des airs des solistes au cours des deux premiers actes, qui consiste à faire commencer le protagoniste sur les plates-formes en hauteur, avant qu’il ou elle ne descende terminer son air sur la scène, au plus près du public.

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© Felix Grünschloß

Dans le rôle-titre d’Ottone, le contre-ténor Yuriy Mynenko conduit sa ligne vocale avec une fine musicalité, par exemple dans son air « Ritorna, o dolce amore » lorsqu’il songe au premier acte à sa bien-aimée Teofane, ponctué de petites notes piquées à sa conclusion. L’interprète se montre également à l’aise dans le chant d’agilité, puisant au besoin dans sa voix de poitrine pour les notes les plus graves, assurant tout du long une qualité homogène sur toute l’étendue de sa tessiture. L’autre contre-ténor Raffaele Pe (Adelberto) est capable également de jolis traits élégiaques, mais ses moments de colère ou de fureur sont davantage heurtés du point de vue du style, comme certains aigus à l’intonation moins parfaite. En troupe au Badisches Staatstheater de Karlsruhe entre 2020 et 2023, la basse française Nathanaël Tavernier reprend le rôle d’Emireno créé l’année dernière, avec de beaux moyens, entre souplesse et projection vocales qui lui confèrent une belle autorité.

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© Felix Grünschloß

Côté féminin, la soprano Lucía Martín-Cartón (Teofane) déploie un timbre d’une séduction immédiate, la ligne est aérienne et très précise d’intonation. La mezzo Olena Leser prend le rôle de l’intrigante Gismonda et développe un chant d’une ampleur appréciable, au cours des récitatifs et des airs. Elle sait aussi, par moments, enlaidir son timbre, pour mettre davantage en évidence la méchanceté du rôle. Mais, même ainsi diabolique, elle fait passer l’émotion dans son air plein de compassion pour son fils Adelberto « Vieni, o figlio ». Sonia Prina en Matilda fait preuve d’un indéniable engagement scénique, mais le chant n’est pas toujours agréable à l’oreille, entre certaines notes dans le grave qui tendent vers le parlando et quelques vocalises-mitraillettes plutôt athlétiques.

Les musiciens de l’orchestre des Deutsche Händel-Solisten assurent une mise en place sans faille, particulièrement attentifs aux nuances indiquées par le chef Carlo Ipata. Belle et expressive, la musique paraît avancer avec sérénité sous sa direction, en sachant aussi varier les effets, par exemple en mettant un mordant supplémentaire sur les attaques des cordes afin de donner plus de relief à un passage particulier d’un récitatif.

Irma FOLETTI

Badisches Staatstheater Karlsruhe, le 28 février 2024

Direction musicale : Carlo Ipata

Mise en scène : Carlos Wagner

Décors et costumes : Christophe Ouvrard

Lumières : Rico Gerstner

Dramaturgie : Matthias Heilmann

Distribution :

Ottone : Yuriy Mynenko

Teofane : Lucía Martín-Cartón

Emireno : Nathanaël Tavernier

Gismonda : Olena Leser

Adelberto : Raffaele Pe

Matilda : Sonia Prina

Deutsche Händel-Solisten

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