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ENTRETIEN AVEC CHARLOTTE BONNET

ENTRETIEN AVEC CHARLOTTE BONNET

samedi 17 mars 2018

Après Hélène de Rêve de valse au Théâtre de l’Odéon, la jeune soprano Charlotte Bonnet (25 ans) vient de chanter Lady Mary de Monsieur Beaucaire sur la même scène.

Vous êtes née semble-t-il dans une famille de chanteurs ?
En effet, mon grand-père, sous le nom d’artiste de Louis Castella, faisait partie du théâtre de la Gaîté Lyrique à Paris où il a interprété plusieurs opérettes. Il a d’ailleurs enregistré le rôle Sou Chong dans des extraits du Pays du sourire en français pour la firme Philips aux côtés de Lucie Dolène avec l’Orchestre de la Radio de Vienne. Une version de ce disque est couplée avec des extraits de L’Auberge du cheval blanc. Quant à ma grand-mère, sous le nom de Maria Casal, elle a été appelée à remplacer, dans le rôle d’Eva Marchal, Jacqueline Chambard lorsque celle-ci est tombée malade pendant la création du Chanteur de Mexico au Châtelet. Elle a donc été la partenaire de Luis Mariano dans ce théâtre ainsi qu’en tournée. Elle est toujours en vie et, à 90 ans, elle continue à donner des cours de chant à l’école de musique d’Espallion dans l’Aveyron. Mon père est d’ailleurs directeur de cette école de musique et il y enseigne la percussion classique pour laquelle il a reçu un prix au Conservatoire. J’ai donc grandi dans une ambiance de musique et de chant et, dès mon jeune âge, je me suis aussi intéressée au jazz et à la variété française et américaine. Aussi curieux que cela paraisse, je n’ai mis les pieds qu’à 17 ans dans un Opéra, en l’occurrence, le Capitole de Toulouse, pour Cavalleria Rusticana et I Pagliacci. C’est d’ailleurs à Toulouse que je suis entrée à la faculté de musicologie dans la section jazz et j’ai reçu pendant trois ans un enseignement dans cette matière. Toutefois, c’est l’art lyrique qui a fini par m’attirer et je suis entrée au Conservatoire de Montauban où j’ai obtenu mon prix et mon diplôme en éducation musicale. Je travaillais avec pour professeur Nicole Fournié qui, chaque année, montait des spectacles pour les élèves. J’ai donc successivement interprété Belinda dans Didon et Enée en 2013, Clairette de La Fille de Madame Angot en 2014 et le rôle-titre de Véronique en 2015. Dans le même temps, et pour gagner ma vie, je suis entrée dans les chœurs supplémentaires du Capitole de Toulouse. Je suis ensuite allée à Paris pensant davantage m’immerger dans le monde musical mais cela n’a rien donné de spécial, à l’exception de ma rencontre avec deux professeurs qui m’ont beaucoup appris, à savoir Sébastien Hobrecht et Philippe Madrange, qui est artiste du chœur de l’Opéra Bastille.

Comment a démarré votre carrière ?
Par deux événements : d’une part, j’ai passé une audition avec Jack Gervais pour le théâtre de Castres et j’ai été engagée pour le rôle de Nadia dans La Veuve joyeuse. Le ténor Olivier Montmory était mon partenaire dans le rôle de Camille de Coutançon. Nous avons eu le coup de foudre d’un pour l’autre et il est devenu mon mari ! D’autre part, en août 2016, j’ai obtenu le premier prix à l’unanimité du concours de Béziers pour mes interprétations de Manon, des Capulets et des Montaigus et de Dinorah. J’ai enchaîné immédiatement avec le festival de Lamalou-les-Bains avec Rési de Valses de Vienne, Violetta de Violettes Impériales et Rosine du Barbier de Séville, puis avec le concours de Marmande où j’ai obtenu un deuxième prix d’opéra, un deuxième prix de mélodie française et le prix franco-québécois, ce qui m’a permis d’aller faire une série de concerts au Canada. A cette suite j’ai aussi interprété Frasquita dans Carmen puis, en 2017, la Baronne de La Vie parisienne au festival d’Aix les Bains, Rosine du Barbier de Séville (cette fois-ci en italien) à Nîmes, Rési de Valses de Vienne à Perpignan et Hélène de Rêve de valse à l’Odéon de Marseille et, enfin, Lady Mary dans Monsieur Beaucaire.

Parlez-nous de ce rôle de Lady Mary 
Quand Maurice Xiberras, qui m’avait entendue à plusieurs reprises, m’a proposé ce rôle, je ne connaissais que l’air de la rose et celui du rossignol. J’ai donc étudié la partition et écouté des enregistrements et je suis tombée éperdument amoureuse de cette œuvre, à tel point que j’ai écouté au moins 50 fois un certain nombre de versions. Lorsque j’ai joué Véronique j’ai adoré la musique de Messager qui est complexe dans une apparente facilité, ce qui traduit par un important travail. La musique française est ma passion car elle me parle et me touche particulièrement. Or André Messager est la quintessence même de cette musique, au même titre que Massenet qui est véritablement mon idole. Le personnage de Lady Mary m’a en quelque sorte envahie théâtralement et vocalement car, dès les premières notes, je savais que j’allais me régaler en l’interprétant. J’ai énormément travaillé le rôle avec mes professeurs parce qu’il supposait que j’élargisse encore mon médium. Sur le plan théâtral Dominique Desmons m’a donné des conseils, j’ai regardé aussi des films d’époque comme Si Versailles m’était conté et, par ailleurs, Jean-Jacques Chazalet nous a beaucoup parlé des personnages de l’œuvre et nous avons beaucoup appris de la conférence qu’il a donnée au théâtre de l’Alcazar. Il a insisté sur l’aspect aristocratique du personnage de Lady Mary, respectée par les gens qui l’entourent, et qui est aussi une femme qui aime. Je me sentais tellement prête pour ce rôle et nous étions si bien préparés que je n’ai pas éprouvé de trac.

Quels sont vos projets ?
’ai une série de concerts puis, pour la prochaine saison, je dois chanter Orphée aux enfers et Volga pour la Compagnie ATL et, à l’Odéon de Marseille, Sylvabelle dans L’Auberge du cheval blanc et Wanda de La Grande duchesse de Gerolstein.

Quel est votre rêve ?
Chanter Manon de Massenet parce que le personnage, comme la musique, me séduisent sur tous les aspects et reprendre aussi en opérette le rôle de Clairette, l’un de mes préférés parce que je me retrouve dans ses traits de caractère, à fois volontaire, drôle, coquine, pleine d’humour et de sensibilité.

Propos recueillis par Christian Jarniat

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