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Arènes DE VÉRONE 2023 : Une « CARMEN » pompeuse, mais perdue dans la foule !!!

Arènes DE VÉRONE 2023 : Une « CARMEN » pompeuse, mais perdue dans la foule !!!

mercredi 6 septembre 2023
©DR

Malgré son âge, la production monumentale de Franco Zeffirelli attire toujours autant de spectateurs. En plus de cette production exceptionnelle, l’œuvre de Bizet et de Mérimée est totalement respectée.
Pour cette Carmen, au milieu de gigantesques décors de carton-pâte, dont les changements exigent un travail titanesque de la part des techniciens, tout est présent sur scène : figurants en bohémiens, en soldats, en gendarmes, en contrebandiers, carrioles, ânes et chevaux avec cavaliers… jusqu’à saturation par moments. 

Le public (certes avec de nombreux touristes) ébloui par cette mise en scène colossale, voire démesurée, applaudit à chaque morceau de bravoure, interrompant la direction du chef d’orchestre.
Pour cette production, Zeffirelli avait également choisi d’associer le talent de la Compagnie de danse d’Antonio Gadès, qui par sa démonstration passionnée a distrait les spectateurs pendant le long passage entre le 3e et 4e acte. Les danseuses et danseurs se lancent de part et d’autre de la scène, dans un duel de flamenco, d’une grande virtuosité. Quant à la première partie du dernier acte, elle était conçue dans une ambiance « jeux du cirque », dans une scénographie phénoménale.  
Le principal défaut de cette mise en scène de Zeffirelli réside dans le risque de noyer les solistes dans un environnement où l’attention est captée par les décors, les mouvements de foule et par conséquent, de faire perdre l’impact dramatique, et exiger des chanteurs une très forte puissance vocale, ce qui a été le cas surtout  pour la mezzo-soprano française Clémentine Margaine et des autres protagonistes.

Dans cette reprise de Carmen, Daniel Oren était le chef idéal. Il a déroulé avec rigueur, sans lourdeurs et avec toutes les nuances, la version musicale complète (avec les nombreux dialogues) Il a su mettre à profit la superbe acoustique des arènes pour mettre en valeur les tonalités graves, la puissance des cordes, des cuivres et des percussions. Le prélude de l’acte était une pure merveille de poésie. Dans les moments où la musique l’exigeait, il a bien accentué les bruyantes castagnettes répondant aux coups de talons des danseurs de la Compagnie Antonio Gades.

Lors de cette dernière représentation de Carmen, la mezzo-soprano Clémentine Margaine campe une Carmen, avec une efficacité assez éloignée des autres interprètes de ce rôle. Sa voix possède un grave assez pulpeux, ne forçant jamais, mais elle n’est hélas pas convaincante scéniquement. Elle est loin de la gitane sensuelle qui doit séduire Don José en dansant, surtout dans le 2e acte et l’on comprend que Don José veuille partir au premier son du clairon rejoindre sa caserne… Manquant de charisme, elle est plus tranchante et plus crédible dans les actes 3e et 4e actes. Certainement la mise en scène trop riche et trop encombrante (pas moins de 400 figurants et artistes sur scène) l’a desservie.

Malgré la renommée qui l’entoure, à entendre les applaudissements du public, le ténor Vittorio Grigolo a beaucoup déçu, si peu préparé musicalement, avec des oublis, surtout dans la scène finale où il a frôlé l’accident vocal. Son phrasé n’était pas précis dans l’air « La Fleur que tu m’avais jetée ». Dommage, car il est doté d’une voix naturellement belle, ample et facile, mais visiblement pas exploitée ce soir.
Quant à Gilda Fiume, elle était une Micaela crédible, mais comme Carmen, étouffée par les mouvements de cette foule si dense. 
Le véritable triomphateur de la soirée reste incontestablement l’Escamillo du baryton Luca Micheletti qui était de loin le meilleur du casting, tant scéniquement que vocalement. Un Escamillo, plein de virilité, qui possède une beau timbre de velours et une grande justesse musicale.
Les seconds rôles n’avaient pas à rougir de leur prestations. Les chœurs dirigés admirablement par Paolo Facincani ont fait preuve d’un grand professionnalisme, car évoluer dans cette pagaille qui régnait sur scène n’était pas chose facile.
Des applaudissements intenses et très bruyants ont salué la prestations des artistes, musiciens, danseurs et très nombreux figurants. 

Marie-Thérèse Werling
6 septembre 2023 

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