Mémorable concert avec Cristian Măcelaru et Simon Trpčeski.
Les semaines se suivent et se ressemblent. Dimanche après dimanche, le Philharmonique de Monte-Carlo nous éblouit.
Après la grande interruption due au covid, il nous apparaît plus en forme que jamais. Comme si, pendant l’arrêt forcé, il avait acquis des forces nouvelles.
La Macédoine – pays des Balkans plus connu pour ses combattants que pour ses concertistes – nous avait envoyé l’éblouissant soliste de dimanche. Ce pianiste s’appelait Simon Trpčeski. Il a encore plus de talent que de consonnes dans son nom.
L’arrivée de Didier de Cottignies à la direction artistique du Philharmonique de Monte-Carlo n’est sans doute pas étrangère à la venue de tels solistes et chefs.
Empoignant le 2ème Concerto de Rachmaninov, Trpčeski nous a fascinés. Arc-bouté devant son piano, il avait l’air d’un dompteur maîtrisant un animal sauvage. Il dominait son instrument, l’apprivoisait, le faisait rugir, l’envoûtait – en même temps qu’il nous envoûtait nous, le public. Le résultat fut d’une rare puissance. A certains moments, le piano semblait aussi fort que l’orchestre entier. Rachmaninov était à la fête.
En bis,Trpčeski proposa à la violoniste soliste de l’orchestre de jouer avec lui la Vocalise du même Rachmaninov. Alors Liza Kerob se leva toute en grâce. Avec une exquise finesse, elle fit monter au dessus du piano les tendres volutes de cette célèbre mélodie. Ce bis fut comme un diamant offert au milieu de la fête.
Suivit l’éblouissement de la 5ème Symphonie de Tchaïkovsky. L’œuvre fut monumentale sous la baguette de Cristian Măcelaru. La musique venait à nous comme une vague et nous emportait dans son voluptueux vertige. Du fond de l’orchestre montait la mélodie frémissante du cor de Patrick Peigner. Tout cela débordait de romantisme, était d’une envoûtante beauté.
Il y a ainsi des moments qu’on ne regrette pas d’avoir vécu…
André PEYREGNE