Comme nous l’avons déjà évoqué dans de précédents articles, le Théâtre National de Nice doit faire l’objet, dans les mois à venir, d’une démolition afin, selon les vœux de la municipalité, de prolonger la Coulée Verte de la Promenade du Paillon jusqu’à l’actuel Palais des expositions pour constituer en quelque sorte le « poumon écologique » de la ville de Nice. Depuis quelques mois le TNN, pour assurer sa saison 2021-2022, s’est emparé d’autres lieux comme l’Opéra de Nice, le Forum Nice Nord ou le Théâtre Lino Ventura. En cette fin du mois d’avril, l’événement culturel était constitué par l’inauguration d’une nouvelle salle sur la Place Saint François après d’importants travaux du couvent et de l’église des Franciscains construits au XIIIe siècle.
La diversification de ces lieux culturels s’inscrit dans le projet de la mairie de Nice dans la perspective de la labellisation de la ville en 2028 comme capitale culturelle européenne. On attend prochainement l’ouverture d’autres salles notamment celle dite de « La Cuisine » située à proximité du Palais Nikaïa ainsi que celle incluse dans l’ensemble immobilier en cours de construction dénommé « Iconic » près de la gare principale de Nice et à plus long terme le Palais des Arts et de la Culture au lieu et place du Palais des expositions.
La nouvelle salle de la place Saint François avec ses murs nus aux pierres de taille apparentes et son impressionnant échafaudage permettant un aménagement de gradins en forte déclivité (mais la salle comme le plateau sont entièrement modulables en fonction des représentations) accueillait le spectacle d’ouverture qui, pour la circonstance, ne pouvait être qu’une création, à savoir Le Sourire de Darwin d’Isabella Rossellini mis en scène par la directrice du théâtre Muriel Mayette-Holtz.
On sait que Charles Robert Darwin, naturaliste et paléontologue anglais, s’était livré au XIXe siècle à des travaux non seulement de géologie mais encore et surtout relatifs à l’évolution des espèces vivantes qui ont révolutionné la science avec un ouvrage intitulé L’Origine des espèces paru en 1859. Il est le père fondateur de la théorie de l’évolution acceptée par la communauté scientifique.
C’est de cet auteur scientifique (et le titre de l’œuvre n’est pas anodin) qu’Isabella Rossellini qui est passionnée d’éthologie (étude scientifique du comportement des espèces animales y compris l’humain) s’est inspirée pour ce « seule en scène » inaugural. Un monologue où l’actrice -fille d’Ingrid Bergman et Roberto Rossellini- (dont on connaît l’impressionnante carrière au cinéma depuis 1976 jalonnée de chefs-d’œuvre tels que Nina de Vincente Minelli, suivie dix ans plus tard par Blue Velvet de David Lynch, puis Les yeux noirs de Nikita Mikhalkov, de Sailor et Lula de David Lynch…..) évoque, non sans humour et spontanéité, ses états d’âme et ses aspirations, son amour pour les animaux en parallèle et en interaction avec le monde des humains. Isabella Rossellini, en étroite osmose avec le public livre les passions de sa vie arpentant avec aisance le plateau, se photographiant ou se filmant avec une caméra, se parant d’immenses plumes de paon…
On est ici entre confidences chuchotées, cabaret ou encore show d’une revue. Muriel Mayette-Holtz accompagne sa comédienne avec empathie dans ce parcours qui est à la fois celui de ses instincts, de son imaginaire et de ses émotions.
Christian JARNIAT
Le 28 avril 2022
