Programmé pour six représentations, le Ballet Nice Méditerranée présente en ce printemps, un spectacle en trois temps.
Oceana , chorégraphie de Lucinda Childs, musique d’ Osvaldo Golijov.
Ce ballet fut spécialement créé pour le Ballet Nice Méditerranée en 2011. Contemplative et captivée par le mouvement hypnotique de l’océan, la chorégraphe américaine évoque le ballet des vagues, calmes et répétitives, agitées par la houle ou la puissance du ressac. Dans un décor aquatique, et des éclairages doux, son art de la danse contemporaine conserve son orientation minimaliste, et les influences classiques apportent l’élégance et la pureté au ballet. La musique d’ Osvaldo Golijov surprend. La vie personnelle de ce compositeur argentin l’a enrichi d’influences multiculturelles. Cependant, cette œuvre aux références éparpillées, déséquilibre l’harmonie, et la fluidité du ballet. Mais les danseuses, sur pointes, et les danseurs, honorent la chorégraphie d’une remarquable technique, empreinte de grâce et de poésie.
Trois gnossiennes , chorégraphie de Hans Van Manen, musique d’Erik Satie.
Ce ballet était à l’origine, la dernière pièce de Cinq histoires courtes, créée le 5 mars 1982 au Stadsschouwburg d’Amsterdam. Reconnu comme l’un des maîtres du style néo-classique, ce chorégraphe néerlandais, qui avait été danseur dans les Ballets de Roland Petit, a créé 140 œuvres, pour 70 compagnies internationales ainsi qu’ en France, à l’Opéra de Paris. Egalement photographe, Hans Van Manen a exposé dans le monde entier, et ce Pas de deux, magnifiquement interprété pour cette représentation par Veronica Colombo et Luis Valle, illustre à merveille l’oeil de l’esthète. Mais la sensibilité artistique de Hans Van Manen ne se limite pas au visuel. La musique est sa source d’inspiration, et pour lui rendre hommage, il choisit pour cette chorégraphie de mettre en scène, le pianiste. Hans Van Manen est un artiste sensible, empathique, et exprime par cette louable attention qu’il n’y a pas de hiérarchie des arts. Chacun inspire l’un, sublime l’autre, unis dans une même finalité, offrir un instant d’évasion et de rêve au public. Pourtant, le piano était installé en fond de scène, dans un coin, quasiment pas éclairé. Ce tableau n’était pas uniquement un Pas de deux, mais un remarquable trio d’artistes, et le piano placé à l’avant-scène, eût été grandement apprécié ! Pour cette représentation, nous saluons Roberto Galfione, pour sa talentueuse interprétation de la musique mystérieuse d’Erik Satie.
Vespertine, chorégraphie de Liam Scarlett, musique d’ Arcangelo Corelli.
Ce ballet fut créé en 2013, pour le Norwegian National Ballet. Pour sa création, Liam Scarlett a collaboré avec Bjarte Eike, un violoniste baroque norvégien en recherche de concepts innovants et alternatifs pour aborder la musique classique, qui a signé les arrangements de la musique originale d’Arcangelo Corelli. Le ballet est de toute beauté. De la scène aux cintres, le raffinement signe l’esthétique néo-baroque. Les éclairages latéraux orangés apportent une ambiance mystique, et un relief flatteur aux silhouettes des danseurs. Les costumes d’un rouge profond, bustiers et jupes longues pour les danseuses, redingotes et collants pour les danseurs, tournoient, s’envolent ou se drapent, tels des créations de haute couture, et offrant de nombreux effets visuels possibles, que le chorégraphe a exploité avec le meilleur goût. Pour décor, des lustres baroques design éclairent en toute délicatesse cet élégant tableau. La chorégraphie de Liam Scarlett dégage cette subtilité et cette finesse de l’esthétique, de la surprise, et des entrées sur scène inhabituelles et réussies. Un duo de danseurs nous fait partager la puissance et la grâce masculine, d’un équilibre très harmonieux et de nombreux portés, originaux, et exécutés dans un bel ensemble, témoignent à nouveau du remarquable niveau du Ballet Nice Méditerranée.
En ce début de printemps, la saison change. A l’Opéra de Nice, les ambiances changent aussi et ce, pour notre plus grand bonheur !
SATINE.
7 avril 2024
