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Le « Chant de la terre » au Philharmonique de Monte-Carlo

Le « Chant de la terre » au Philharmonique de Monte-Carlo

samedi 6 avril 2024

©MCP

Vers la fin de sa vie, Gustav Mahler a composé le Chant de la terre, un peu comme Richard Strauss a composé ses Quatre derniers lieder . Cela ressemble à un testament.

L’œuvre complexe, diverse, étrange, qui fait intervenir en soliste une voix d’homme aiguë et une voix de femmes grave, et qui évoque, en cours de route, le chant d’un ivrogne aussi bien que la grâce de jeunes filles en fleurs, se termine par vingt minutes d’un « Adieu ». Dans ce passage est évoqué l’éternel recommencement de la nature par opposition à la mort de l’homme. Le mot « Edwig » («Eternellement ») est murmuré sept fois à la fin, sur des tintements angéliques de célesta, tandis que l’œuvre reste en suspens sur un double accord inachevé de do majeur et la mineur. Il faudrait être de marbre, à ce moment, pour ne pas avoir les larmes aux yeux.

On a entendu cette œuvre, lors de la fin du Printemps des arts, par le Philharmonique de Monte-Carlo et les deux solistes Pene Pati et Marie-Nicole Lemieux. Voix claire et conquérante du premier. Voix prenante, timbrée, vibrante, expression intense de la seconde. Et, à la tête d’un orchestre où tous les solistes faisaient merveille, un chef d’orchestre, Kazuki Yamada, maître de l’espace et du temps, sachant à tout moment relancer l’intérêt, mettant en évidence ici la truculence, là le recueillement.

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©MCP

En première partie, on découvrit un concerto pour violon d’un compositeur nommé Rudi Stephan – œuvre très « Mittel Europa », de bonne facture, datant du début du XXème. siècle, dont on ne peut pas ne pas regretter certaines longueurs. Le violoniste David Lefèvre a réalisé l’exploit d’apprendre par cœur cette musique qu’il n’avait certainement jamais jouée et qu’il ne rejouera certainement pas. Fièrement campé sur ses deux jambes au devant de la scène, il faisait penser à ces figures de proue que l’on voit à l’avant des navires : superbe, altier, conquérant. L’allure physique correspondait à sa manière de jouer : superbe, altière, conquérante. Donnant un petit récital supplémentaire, en bis, sous forme d’une sonate d’Ysaye, il recueillit les bravos unanimes de la salle et de l’orchestre.

Il était le parfait représentant d’un orchestre qui nous éblouit semaine après semaine : le Philharmonique de Monte-Carlo.

André PEYREGNE
6 Avril 2024

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