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STREET SCENE à l’​Opéra de Monte-Carlo

STREET SCENE à l’​Opéra de Monte-Carlo

mardi 25 février 2020
Photo Alain Hanel
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Créé début 1947 à New York, le livret d’Elmer Rice inspiré de la pièce de théâtre Street Scene, est particulièrement sombre… L’histoire d’un simple immeuble dans l’East Side de New York mise en musique par Kurt Weill se solde par un bilan dramatique, deux morts, une famille à la rue, et les prémisses d’une histoire d’amour, qui aurait pu racheter le propos, jetés aux orties…
Weill considérait Street Scene comme le point culminant de sa composition, l’ouvrage où il avait réussi la fusion totale de la musique et du drame. Il hésita d’ailleurs longtemps sur la qualification qu’il convenait de lui donner, « American Opera », « Broadway Opera » ou « Dramatic musical » ? Ce mélange des genres était bien palpable dans les récentes représentations données à la Salle Garnier.

Les habitués des Broadway show me comprendront, la pièce est servie par une équipe de comédiens chanteurs hors pairs dont le professionnalisme éclabousse le plateau. Les trois couples de danseurs sont éblouissants et leurs arabesques sur fonds de gratte ciels illuminés ne laisse aucune place au doute, nous sommes bien à Broadway, spectateurs privilégiés de ce qu’il se fait de mieux dans le domaine de la comédie musicale à thème.
Mais tout de même , il s’agit d’un « American opéra » ? Assurément lorsque la très célèbre Patricia Racette entonne « Somehow, I never could believe », les mélodies oscillent entre Menotti, Puccini et Gershwin,… frissons garantis et émotion à fleur de peau !
Opéra  encore dans tous les arias et duos du couple  Sam Kaplan ( Joel Prieto) Rose Maurrant  (Mary Brevan), le romantisme de Kurt Weill se nourrit de nuances fauves ou glamour et culmine dans l’air de Sam « We’ll go away together… »

Drame musical enfin, certainement. Olin Downes qui était critique du New York Times à l’époque de la création n’hésita pas à évoquer un « pas historique vers un véritable drame musical américain ». Et l’on ne peut que souscrire à cette analyse, Weill avait sollicité la collaboration du poète noir  Langston Hughes pour les textes chantés. Hughes fit découvrir Harlem à Weill au cours de longues promenades afin qu’il s’imprègne des bruits du quartier et de l’atmosphère si particulière de New YorK. Le pessimisme foncier de Weill parachève le drame, un condensé absolu, d’intolérance, de frustration amoureuse, de violence sociétale, mis en musique avec un raffinement harmonique et rythmique somptueux qui justifie bien in fine les titres d’American Opéra et de Drame Musical.

Le spectacle monégasque laisse le spectateur haletant tant la qualité d’ensemble des interprètes magnifie l’inspiration du compositeur, le jeune chef Lee Reynolds qui remplaçait Laurence Foster indisposé, démontre une connaissance approfondie de la partition  et entraîne à bout de baguette le Philharmonique de Monte-Carlo dans la  plus pure tradition des grands « lyrics » américains.

Une soirée mémorable.

Yves Courmes 
25 février 2020

article paru dans l’Avenir Côte d’Azur du 13 Mars 2020

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