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South Pacific (création en France) Opéra de Toulon

South Pacific (création en France) Opéra de Toulon

vendredi 25 mars 2022
Kelly Mathieson et William Michals/ Kelly Mathieson /Thomas Boutilier et la “compagny” /©Olivier Pastor

Il aura fallu plus de 73 ans et deux confinements  pour que South Pacific débarque en France.
Incompréhensible qu’il ait fallu attendre prés de trois quarts de siècle pour pouvoir assister à ce qui est une institution musicale Outre-Atlantique, double prix Pulitzer en 1948 d’abord pour ce premier roman de James A. Michener Tales of the South Pacific (Contes du Pacific sud) qui sera ensuite doublé par le prix Pulitzer pour le théâtre en 1950.

C’est véritablement dans un voyage vers les îles polynésiennes que cette comédie musicale de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein nous embarque à l’Opéra de Toulon où depuis 20 ans son directeur Claude-Henri Bonnet propose, sans faillir, à son public quelques uns des plus beaux monuments du théâtre musical, n’hésitant pas à monter des créations pour la France qui ont pu, pour certaines, être immortalisées par des captations pour le DVD. 

South Pacific reste encore peu connu en France et pourtant, les auteurs de ce chef d’œuvre consacré en Amérique, le compositeur Richard Rodgers et le librettiste Oscar Hammerstein ont écrit et composé quelques-unes des plus célèbres comédies musicales de ce que l’on appelle « l’âge d’or » du genre : Carrousel, la Mélodie du bonheur, Le Roi et moi, Oklahoma

Peut-être le thème « militaire » plus spécifiquement américain mettant en scène un aspect de la Seconde Guerre mondiale sur les îles du Pacifique sud n’a-t-il pas pu franchir des frontières alors que dans le livret les réflexions sur le racisme, l’éducation contre le mélange ethnique, les différences d’âge dans les couples, la prostitution, regroupent autant de sujets qui sont toujours présents dans l’actualité.

L’action qui retrace une opération d’espionnage permettant d’infiltrer les lignes ennemies japonaises et de connaître leurs positions pendant cette Deuxième Guerre mondiale est pourtant doublée par deux histoires d’amour qui évidemment vont contribuer au succès populaire de l’œuvre reprise en 1958 par un film éponyme.

Dès les premières mesures, le spectateur est fasciné par la musique de Richard Rodgers, et chaque mélodie va rester gravée pendant des jours et des jours dans une sorte d’envoûtement qui permet de comprendre que ces principaux moments musicaux du spectacle sont devenus des « tubes » mondiaux que même des chanteurs d’opéra ont mis à leur répertoire.

La mise en scène d’Olivier Bénézech qui reste dans la tradition du livret sans en transposer les actions est pertinente. On y retrouve tout l’univers américain dont une fête de Thanksgiving particulièrement efficace et endiablée, des inclusions de décors retraçant soit la propriété d’Émile de Becque, soit l’île de Baliha’i où vit la tonkinoise Bloody Mary et sa fille Liat, soit le camp avancé militaire théâtre des opérations spéciales, ainsi que la base où se déroulent les journées au quotidien non seulement des soldats mais aussi des infirmières de l’hôpital qui y sont attachées. 
Tout est juste, chaque pas, chaque geste, chaque regard est suffisamment éloquent pour transmettre aux spectateurs toutes les émotions sans artifices superflus. Un grand moment de théâtre soutenu par la chorégraphie époustouflante de Johan Nus, les lumières paradisiaques de Marc-Antoine Vellutini, dans des décors plus vrais que nature de Luc Londiveau et les images et vidéo de Olivier Meyer. Un instant est particulièrement émouvant, dans la lignée de la perfection de ce spectacle, lorsqu’au salut, un rideau rend hommage aux créations emblématiques du regretté Frederic Olivier dont on ne peut que saluer une fois de plus l’élégance et l’harmonie des costumes. 

Ce spectacle a un tel impact qu’il parait être celui d’une troupe et non des individualités qui y ont pris part. L’identification est telle qu’il n’y a plus sur le plateau que Emile de Becque et Nellie Forbush et non pas les vedettes du « show » que sont William Michals et Kelly Mathieson qui nous ensorcellent par la richesse des palettes de leurs timbres d’opéra ; il n’y a plus sur le plateau que Bloody Mary et sa fille Liat amoureuse de Cable et non Jasmine Roy que l’on applaudit toujours avec la même ferveur, Romane Gence et ses danses entêtantes et le romantique jeune premier Mike Schwitter, héros malheureux dont les airs nous touchent par le charme de sa voix de ténor. Une mention très particulière pour le Seabee Luther Billis de Thomas Boutilier, véritable homme orchestre, acrobate, chanteur danseur, meneur de revue qui conquiert définitivement le public toulonnais dans un numéro travesti pour la fête de Thanksgiving.
Comment ne pas mentionner tous les autres personnages de l’intrigue, le Capitaine Brackett de Scott Emerson, le commandant Harbison de Sinan Bertrand, l’infirmière en chef de Elisabeth Lange et toute la « company » qui révèle tant de noms de solistes habitués de nos scènes nationales qui se fondent pour l’occasion dans les ensembles d’une troupe exceptionnelle.

Toute cette perfection musicale ne serait possible sans le support de l’orchestre de l’Opéra de Toulon et du galvanisant chef Larry Blank qui nous transporte sur les plus brillants sommets des productions d’Outre Atlantique. Quel dynamisme, quelles couleurs et quelles nuances parvient-il à obtenir de ses interprètes et de son orchestre !

Oui nous aussi, en quittant à regret l’Opéra de Toulon après d’interminables saluts (quelle belle idée de cette avant-scène qui rapproche les spectateurs des chanteurs), nous fredonnions « Some Enchanted Evening » sans nous demander « Pourquoi la vie est belle » !… 

Catherine Pellegrin
25 mars 2022

South Pacific
Création française
Nouvelle production Opéra de Toulon

Direction musicale  Larry Blank
Mise en scène  Olivier Bénézech
Ass. mise en scène  Jean-françois Martin
Chorégraphie  Johan Nus
Décors  Luc Londiveau
Costumes  Frédéric Olivier
Lumières  Marc-Antoine Vellutini

avec :

Nellie Forbush   Kelly Mathieson
Bloody Mary  Jasmine Roy
Lead Nurse  Elisabeth Lange

Émile De Becque  William Michals
Lt. Cable  Mike Schwitter
Seabee Luther Billis  Thomas Boutilier

Capt. Georges Brackett   Scott Emerson
Cmdr. William Harbison   Sinan Bertrand
Henri  Nicolas Sitkevitch
Ngana (enfant)  Léana Tui / Caterina de Nobili
Jerôme (enfant)  Léo Chamant-Lacroix / David Désiré 

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon
Chef de Chœur  Christophe Bernolin
Chef de Chant  Daniel Glet

Danseuses / Danseurs : 
Jeanne Jerosme
Romane Gence
Emma Scherer
Camille Mesnard
Alain Tournay
Gregory Gonel
Zoltan Zmarzlik
Thomas Bernier
Eric Traonouez
Max Carpentier
Nicolas Kaplyn
Robin Morgenthaler

Artistes du Chœur : 
Antoine Abello
Thierry Cantero
Jean Delobel
Frédéric Jean
Olivier Montmory
Patrick Sabatier

Comédienne / Comédien :
Nina Sikora
Julien Pastorello

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