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PAUVRE BITOS – Théâtre Hébertot 

PAUVRE BITOS – Théâtre Hébertot 

vendredi 9 février 2024

©Théâtre Hebertot

Le théâtre de Jean Anouilh semblait très étrangement avoir disparu de nos scènes depuis quelques années.

Il s’agit peut-être d’un phénomène de mode – qu’importe – nous nous réjouissons de pouvoir entendre de nouveau cette belle langue, que l’auteur a su mettre au service de ses belles et intelligentes pièces de théâtre. Son écriture ciselée met en avant des situations d’une incroyable modernité, qui nous parlent encore aujourd’hui.

L’humiliation que l’on peut faire subir, proche du harcèlement, plane déjà dans cette intrigue plus que visionnaire.  

Le metteur en scène Thierry Harcourt avait déjà ouvert la brèche, en remontant Le Bal des voleurs ainsi que Léocadia. Pauvre Bitos fait partie des pièces grinçantes (terminant une trilogie composée de La Valse des toréadors et d’Ornifle) dont on salue la résurrection aujourd’hui.

La pièce – représentée plus d’une dizaine d’années après la libération – fit scandale, pour le plus grand bonheur d’Anouilh qui aimait visiblement l’odeur du soufre. 

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©Bernard Richebé

L’action se situe dans une petite ville de province, où un groupe d’amis de la bonne société organise un “dîner de tête”, chacun devant se grimer en un personnage de la Révolution française.

Ils invitent pour la circonstance, en tant qu’invité d’honneur, André Bitos – homme d’extraction certes modeste, mais devenu magistrat reconnu et respecté de tous. Cet incorruptible et vertueux Bitos jouera Robespierre.  Il s’en suivra un véritable jeu de massacre, aussi cruel que jubilatoire, qui enverra les protagonistes vers des rôles où la haine de l’autre et la tyrannie de la vertu ne feront pas bon ménage.

On imagine aisément le climat qui pouvait régner dans les années 50 à l’heure des règlements de comptes… à l’issue de la guerre. 

L’immense Michel Bouquet, interprète de nombreux ouvrages de Jean Anouilh, a marqué le rôle de Bitos dès sa création en 1956.

Il fallait trouver, pour l’incarner en 2024, un autre grand de la scène : pari gagné, puisque nous retrouvons Maxime D’Aboville, Molière du comédien en 2022 pour la comédie Berlin-Berlin, qui se situe dans un tout autre registre.

Il nous surprend décidément à chacune de ses apparitions, par sa large gamme de jeu, et ce depuis Le journal d’un curé de campagne en 2010.

Thierry Harcourt a fédéré autour de lui une palette d’excellents comédiens et comédiennes, que nous pouvons tous applaudir, parmi lesquels Adrien Melin, Francis Lombrail ou Clara Huet. Le spectacle est mené à un rythme soutenu, ne laissant aucun répit au spectateur – réellement pris en otage, en même temps que ce pauvre Bitos. 

La seconde partie de cette saison théâtrale, qui démarre en janvier, nous réserve de belles surprises, après celle du Cercle des poètes disparus – que nous évoquions récemment. 

Philippe Pocidalo

9 février 2024. 

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