L’Opéra Royal de Wallonie de Liège a invité le ténor argentin Marcelo Alvarez, un habitué du théâtre et resplendissant notamment dans la Force du Destin de Verdi il y a deux ans.
Son nom et sa photo apparaissaient en évidence sur les affiches de l’Opéra et également sur le programme. Il était accompagné cet après-midi du 28 avril de la soprano cubaine Maria Aleida, partenaire depuis de longues années d’André Bocelli, du chœur des femmes de l’Opéra Royal de Liège, tous dirigés avec maestria par le jeune chef sarde Leonardi Sini (il a remporté en 2017, le premier prix du concours de direction « Maestro Solti »
Le programme riche et copieux comprenait des airs de Donizetti, Rossini, Puccini, Cilea, Verdi, Leoncavallo, Offenbach, Giordano, mais également des extraits d’œuvres de musiciens espagnols : Gimenez, Soutullo, Torroba, Sorozabal et aussi deux emblèmes sud-américains AstorPiazzolla et Carlos Gardel.
C’est Maria Aleida qui ouvre le bal avec son premier air « O moi babbino caro » de Puccini, avec beaucoup de tendresse. Elle affiche une belle tenue de chant (et aussi vestimentaire avec une robe très moulante…). Sa voix est fort agréable, ses vocalises légères aériennes dans l’air extrait de Robinson Crusoé « Conduisez moi vers celui que j’aime ». On aurait cependant souhaité une meilleure diction.
Si Maria Aleida était resplendissante et en forme vocale, ce n’était malheureusement pas le cas du ténor Marcelo Alvarez, qui manquait sincèrement de vérisme dans l’air de Pagliacci « Vesti la giubba ». Son timbre semblait « décoloré ». Il paraissait souffrant, laissant transparaître une fébrilité un peu agaçante, beaucoup de nervosité, probablement dues à sa voix qui ne répondait plus. Ses apparitions, après chaque prestation frôlaient par moment l’hystérie ou le théâtralisme. Cela devenait franchement gênant.
En seconde partie, après des excuses quant à ses toussotements intempestifs, et dans les airs espagnols, il était plus inspiré et plus à l’aise, suscitant une certaine émotion. Le chef Leonardo Sini affichait une grande complicité avec lui. Il a soigneusement accompagné les chanteurs avec une interprétation personnelle des œuvres si variées, sélectionnées dans ce programme, en exploitant au mieux les possibilités de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie. L’exécution des œuvres espagnoles était un vrai régal. Une mention spéciale pour l’intervention des chœurs dans les extraits de Macbeth et Traviata de Verdi qui ont contribué à la réussite de ce concert.
Dommage cependant que les deux artistes n’aient jamais chanté en duo.
Une après-midi assez plaisante, somme toute, mais le public est resté sur sa faim quant à la prestation plutôt mitigée de Marcelo Alvarez. Souhaitons-lui de ne pas chanter le récital de trop ???
Marie-Thérèse Werling
28 avril 2024