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Opera National Amsterdam :  Roberto Devereux, dernier opéra de la trilogie des « Reines Tudor » de Gaetano Donizetti

Opera National Amsterdam :  Roberto Devereux, dernier opéra de la trilogie des « Reines Tudor » de Gaetano Donizetti

jeudi 18 avril 2024

©BenvanDuin@DNO

C’est avec Roberto Devereux que l’Opéra National Néerlandais d’Amsterdam achève la « trilogie Tudor » de Donizetti après Anna Bolena et Maria Stuarda, mis en scène par Jetske Minjssen et dirigés par Enrique Mazzola, chef espagnol, grand spécialiste du Bel Canto et chef en résidence à Bregenz pour le Festival.

Elisabeth est amoureuse de Roberto Devereux, rentré prématurément d’Irlande, accusé de trahison. La reine est prête à lui pardonner s’il lui avoue son amour. Malheureusement, Devereux est l’amant de Sara, amie d’Elisabeth, et mariée au meilleur ami de Roberto, le comte de Nottingham. Voilà pour l’intrigue. Jetske Minjssen, régisseuse néerlandaise a transposé ce dernier opéra, ultime épisode de la vie d’Elisabeth 1 en drame bourgeois. Le premier acte s’ouvre sur la chambre à coucher royale, style Biedermeier, transformée ensuite en salon, où évoluent tous les protagonistes. On y retrouve l’univers de la série télévisée The Crown avec des costumes, magnifiques et très seyants de Klaus Bruns, de la fin de XXe siècle. Le reste du plateau est un espace assez dépouillé où se croisent, lors d’un bal somptueux, la Cour et le Parlement. Au 2e et 3e actes, les murs de la chambre disparaissent vers les cintres, pour ne laisser qu’un grand lieu vide, avec juste une estrade au milieu.

RobertoDevereux DeNationaleOpera ©BenvanDuin@DNO 150
©BenvanDuin@DNO

La sobriété visuelle et élégante répond à une direction d’acteurs très précise. Chaque mouvement a un sens, non seulement pour les chanteurs très impliqués, mais aussi pour le reste du plateau. La confrontation entre le comte de Nottingham et son épouse Sara, se fait en présence des enfants du couple, jouant avec un train électrique.

Dans sa mise en scène, la régisseuse néerlandaise montre une Elisabeth très « humaine », soulignant ainsi que le pouvoir est plus entre les mains du Parlement que dans celle de la souveraine.

Musicalement et vocalement, c’est une grande réussite et une parfaite harmonie, grâce à la direction exceptionnelle dans le vrai style « bel canto » romantique du chef espagnol Enrique Mazzola à la tête d’un Orchestre de chambre néerlandais et d’un Chœur de l’Opéra National magnifiques et exceptionnels, dans leur interprétation douce et légère, malgré l’intrigue machiavélique.

RobertoDevereux DeNationaleOpera ©BenvanDuin@DNO 123
©BenvanDuin@DNO

La soprano ouzbèke Barno Ismatullaeva fait ses débuts sur la scène de l’Opéra National néerlandais, dans le rôle écrasant d’Elisabeth, avec beaucoup d’aplomb et de distinction, et une belle ampleur vocale, mais avec, par moments, une certaine froideur du timbre. Ce qui n’est pas le cas de la mezzo-soprano américaine, Angela Brower, qui campe une Sara de Nottingham, bouleversante de vérité scéniquement, doublée d’une chanteuse hors pair, par son timbre sonore impressionnant, la richesse de ses couleurs et la netteté de sa projection. Elle était tout simplement lumineuse et à juste titre, la triomphatrice du spectacle.

Côté masculin, on a ressenti un léger déséquilibre. Les voix du ténor et du baryton n’étaient pas suffisamment fortes pour ce grand théâtre. Mais pour le bel canto, les deux protagonistes étaient tous deux impeccables. Le ténor espagnol Ismaël Jordi dans le rôle de Devereux, charmeur à souhait, avec ses aigus brillants, gagne en présence et en force au fil des scènes, son duo avec Sara à la fin du 1er acte, reste un des sommets de la représentation.

Le baryton-basse russe Nikolai Zemlianskikh campe un Comte de Nottingham bien sonore et élégant mais avec une articulation un peu rudimentaire, et une émission un peu trop engorgée.

Le rideau tombe sur cette magnifique production de Roberto Devereux, un grand drame d’état.

Le public amstellodamois a longuement et bruyamment applaudi les chanteurs, solistes, chœurs, l’orchestre et le chef extraordinaire Enrique Mazzola par une standing ovation.

Marie-Thérèse Werling
18 avril 2024

Chef d’orchestre :  Enrique Mazzola
Mise en scène :  Jetske Mijnssen

Distribution :
Elisabetta, reine d’Angleterre : Barno Ismatullaeva
Duc de Nottingham :  Nikolay Zemlianskikh
Sara, duchesse de Nottingham : Angela Brower
Roberto Devereux : Ismael Jordi
Lord Cecil : Thando Mjandana
Sir Gualtiero Raleigh : Mark Kurmanbayev
Un page : Peter Arink

Orchestre de chambre des Pas Bas
Chœurs de l’Opéra National des Pays Bas

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