Lorsqu’il se mettait au piano, c’était pour nous entraîner dans une chevauchée fantastique. Mèche de cheveux au vent, son jeu était un mélange d’héroïsme et de grâce. Il nous emportait dans une rafale de romantisme. On ne pouvait lui résister. Tel était Samson François.
Il aurait eu 100 ans ce 18 mai. Pour lui rendre hommage, il n’y avait pas mieux que le grand pianiste Bruno Rigutto qui fut son unique disciple. On suppose que celui-ci a reçu mille sollicitations pour célébrer son maître en ce 18 mai. Mais c’est à Nice qu’il a choisi de le faire, répondant aux sollicitations de Christine Gastaud, directrice des « Nocturnes du piano » à Cagnes-sur-Mer (1) et du Conseil départemental des Alpes-Maritimes qui a ouvert pour lui une belle salle de l’ancien Palais Sarde – ce palais niçois qui fut jadis celui des rois de Piémont-Sardaigne puis le siège de la préfecture.
C’est donc là, dans cette salle aux murs couverts de boiseries, que se sont retrouvés les fidèles de Samson François. Bruno Rigutto évoqua avec émotion les cours qu’il prenait avec son maître jusqu’à pas d’heure, dans la nuit, dans sa villa de Menton, et les conseils qu’il lui prodiguait en matière de piano et d’art de vivre. Il se souvint aussi un réveillon de Noël qu’ils fêtèrent ensemble le lendemain à midi, car, la veille, ils avaient raté leur avion. Pour donner l’illusion de la nuit, ils fermèrent les volets de la villa mentonnaise et allumèrent des bougies !
Se mettant au piano en ce 18 mai, Bruno Rigutto enchaîna une série de Nocturnes de Chopin. D’un jeu à la fois puissant et poétique, il nous entraîna dans une sorte de rêve. On se laissa porter par la magie de la musique et de son jeu. Est-ce un effet de notre imagination, au fur et à mesure qu’il jouait on avait l’impression que Samson François lui-même s’adressait à nous à travers ses doigts. Voilà le plus beau compliment qu’on puisse lui adresser !
On applaudit également le pianiste niçois Nicolas Bringuier, élève de Bruno Rigutto. Tous deux interprétèrent à quatre mains la sublime Fantaisie de Schubert. Nicolas Bringuier joua seul un Nocturne de Fauré conclu par Bruno Rigutto par un bouquet d’éloges que tous les élèves seraient heureux de recevoir de leurs maîtres !
Par l’intermédiaire de Bruno Rigutto, Nicolas Bringuier était le relayeur d’une flamme olympique de la musique qu’avait un jour allumée Samson François et qui n’est pas près de s’éteindre.
André PEYREGNE
18 mai 2024
1l’édition de cette année aura lieu du 28 juin au 7 juillet