Pour faire la critique du spectacle de la Fille de Madame Angot donnée à l’Opéra de Nice dans une mise en scène de Richard Brunel en coproduction avec l’Opéra Comique de Paris, c’est très simple : il suffit de se reporter à ce que chante le chœur au début du 2ème. acte : « Personne ne voudra croire à ce que vous racontez là ! »
C’est exactement ça ! Voilà un spectacle bien monté, spectaculairement réalisé, mais où il faut se lever de bonne heure pour comprendre ce qui se passe ! L’histoire qui est censée se dérouler sous le Directoire a été catapultée au milieu des événements de mai 68. Et voilà que des personnages qui ont réellement existé sous le Directoire, comme la comédienne Melle. Lange ou le chansonnier Pitou, Barras ou le général Augereau se retrouvent en pleine tourmente de mai 68 ! Comme les noms de ces personnages n’ont pas été changés (heureusement!) cela rend incohérente la transposition de cette histoire. Si on ne fait pas attention aux dialogues et si on ne cherche pas à comprendre l’histoire, on observe avec joie des carcasses de voitures 4 L passer devant des échafaudages, on voit des banderoles déployées comportant d’aimables slogans et des drapeaux rouges s’agiter devant le passage de CRS. On voit aussi beaucoup d’escaliers. Chanteurs et acteurs sont sans cesse en train de monter et descendre. J’aurais été au syndicat des chanteurs, j’aurais réclamé un ascenseur ! Ah, il y a quand même un moment où les acteurs ne bougent pas : c’est dans la célèbre valse « Tournez, tournez » où ils restent tous assis !
Les chanteurs, parlons en : belle distribution avec deux femmes pétillantes Hélène Guillemette, pleine de voix et d’énergie, et Valentine Lemercier, toute en élégance vocalement et physiquement.
Les deux hommes qui les font tourner en bourrique assument fort bien leurs rôles, Matthieu Lécroart et Philippe-Nicolas Martin. Quant à Engerrand de Hys, il est, lui, meilleur dans son expression parlée que chantée.
La cheffe Chloé Dufresne souple, efficace, énergique, dynamique, fait vivre son Lecocq avec panache – même s’il y a quelques décalages lorsque les chanteurs sont perchés au haut du décor.
Au milieu de cette folie, les chœurs sont très bons.
Et c’est ainsi que la saison de l’Opéra de Nice s’est ouverte avec la fille de Madame Angot et de Monsieur Brunel.
André PEYREGNE
28 Septembre 2024
Direction musicale Chloé Dufresne
Mise en scène Richard Brunel réalisée par Lise Labro
Assistant à la mise en scène Daniel Lawless
Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas
Décors & costumes Bruno de Lavenère
Lumières Laurent Castaingt réalisées par Thomas Giubergia
Chorégraphie Maxime Thomas
Distribution :
Clairette Angot Hélène Guilmette
Mademoiselle Lange Valentine Lemercier
Pomponnet Enguerrand de Hys
Ange Pitou Philippe-Nicolas Martin
Larivaudière Matthieu Lécroart
Amarante, Hersilie Floriane Derthe
Louchard Antoine Foulon
Trénitz, Guillaume Geoffrey Carey
Cadet I Un Officier I Un Incroyable I Buteaux Matthieu Walendzik
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice
Nouvelle production
Coproduction Opéra-Comique, Palazetto Bru Zane, Opéra Nice Côte d’Azur, Opéra de Lyon et Opéra Grand Avignon
Opéra-comique en trois actes de Charles Lecocq sur un livret de Clairville, Paul Siraudin et Victor Konig.
Création au Théâtre des Fantaisies-Parisienne de Bruxelles le 4 décembre 1872.
Dans le cadre de la 23e édition du Festival d’opérette et de comédie musicale de la ville de Nice.