Dans le cadre de la célébration de l’Année Beethoven, le grand pianiste polonais a interprété l’intégrale des concertos de ce compositeur avec le Philharmonique de Monte-Carlo.
Mémorable !
Somptueux, les concerts de Krystian Zimerman qui viennent de se dérouler en l’Auditorium de Monaco !
On doit au duo Kazuki Yamada-Didier de Cottignies (directeur et conseiller artistique de l’orchestre) un bonheur dont on peut dire qu’il restera dans l’histoire du Philharmonique de Monte-Carlo : l’enchaînement des cinq concertos de Beethoven par le légendaire pianiste polonais.
On peut attribuer à Krystian Zimerman le titre que porte le 5ème. concerto: celui d’Empereur. Zimerman au piano est, oui, un empereur !
On ironise parfois sur le fait qu’il se déplace avec son propre instrument dans une camionnette. Mais on comprend en l’entendant : il fait corps avec son piano, a un rapport charnel, amoureux avec lui. Il le connaît – c’est le cas de le dire – sur le bout des doigts ! Son Steinway a une sonorité magique, présente une palette de timbres rares.
Zimerman le fait étinceler. Son jeu fait merveille. A la fois autoritaire et caressant, il ne laisse aucun détail dans l’ombre. Ses gammes coulent, parfaites et lumineuses. Devant son clavier il est installé en maître. Il semble imperturbable et demeure pourtant d’une sensibilité frémissante. Il impose son interprétation comme une évidence. L’empereur !
N’importe quel chef ou n’importe quel orchestre ne peuvent accompagner un tel soliste. Il faut un chef aux petits soins pour suivre ses nuances, envelopper les contours de son interprétation, il faut un orchestre susceptible de sonner comme son Steinway. Ce chef et cet orchestre, nous les avons eus avec Kazuki Yamada et le Philharmonique de Monte-Carlo.
Il était interdit d’enregistrer ce concert. Qu’importe ! Ce concert est définitivement enregistré dans la mémoire de la foule de mélomanes qui, à la fin, debout, ont acclamé leur empereur…
André PEYREGNE