Suivant une tradition bien établie, de manière régulière un opéra est représenté au Théâtre Anthéa-Antipolis d’Antibes car on sait l’intérêt que porte Daniel Benoin à l’art lyrique.
Verdi est en l’occurrence au programme cette année avec Macbeth, comme il le sera encore la saison prochaine, au mois d’avril, avec Falstaff*, dernière œuvre du maître de Busseto qui termine en feu d’artifices son long parcours parsemé de tragédies par une comédie particulièrement brillante. Points communs : les deux opéras sont tirés de pièces de Shakespeare et signés pour la mise en scène par Daniel Benoin.
Pour revenir à Macbeth, il est toujours particulièrement intéressant de confronter deux représentations distinctes. Celle à laquelle que nous avons assisté à Anthéa nous a paru encore plus aboutie que la première à l’Opéra de Nice ce qui, dans un sens, peut se comprendre : après quatre représentations les artistes se sont familiarisés avec leurs rôles respectifs et les automatismes venant, ils peuvent encore approfondir leurs emplois et donner ainsi le meilleur d’eux-mêmes sur le plan dramatique comme sur le plan vocal.
C’est ainsi, pour ne citer qu’elle, que Silvia Dalla Benetta nous a semblé encore mieux entrer dans ce personnage infernal de Lady Macbeth, parsemé de difficultés pour lequel, comme on l’a rappelé, Verdi avait eu des exigences toutes particulières. De cette machiavélique héroïne il entendait que, par moments, la voix soit « laide » pour accentuer les traits de ce monstrueux et sanguinaire personnage. D’ailleurs, l’hésitation entre la tessiture de soprano et de mezzo-soprano n’est pas pour rien dans cette ambiguïté souhaitée par le compositeur. Nous avons retrouvé avec beaucoup de bonheur la baguette de Daniele Callegari, grand spécialiste de Verdi (il sera notamment encore au pupitre, l’année prochaine, pour le Falstaff sus-indiqué).
L’orchestre et le chœur ont été en tous points admirables, notamment à l’acte IV dans un sublime « Patria oppressa » (« Patrie opprimée ») avec ses subtiles alternances piano/forte dans lequel Verdi se faisait le chantre de la liberté du peuple comme précédemment dans « Va pensiero » de Nabucco ou encore dans « O Signore del tetto natio » de I Lombardi alla prima crociata.
Nous avons, pour notre part, à nouveau adhéré à la mise en scène de Daniel Benoin qui fait preuve d’une évidente cohérence dans le récit, nonobstant la transposition au début du XXème siècle. Dans les tableaux les décors de Jean-Pierre Laporte sont particulièrement spectaculaires comme le sont les vidéos suggestives de Paulo Correia et les costumes de Nathalie Bérard-Benoin parfaitement en situation.
A l’occasion de cette représentation (mais ce fut également le cas lorsque nous vîmes dans ce même théâtre La Traviata ou Cosi fan tutte) nous avons apprécié l’acoustique des lieux particulièrement flatteuse pour l’orchestre et les voix, mais renseignements pris, il semble qu’elle avait été tout particulièrement étudiée pour recevoir dans les meilleures conditions des spectacles de théâtre musical ou encore lyriques.
Longs applaudissements du public aux saluts.
Christian JARNIAT
Le 8 juin 2022
*Saison 2022-2023 / Falstaff les 13 et 15 avril à 20h
https://www.anthea-antibes.fr/fr/spectacles/saison-2022-2023/privilege-spectacle-vivant/falstaff