Le Théâtre du Lucernaire a repris pour quelques semaines le spectacle Louise Weber dite La Goulue qui a valu à son interprète Delphine Grandsart le trophée de la comédie musicale en 2018 (interprète féminine).
Nous l’avions applaudie dans des productions telles Cabaret signée Sam Mendes ou bien encore Mozart l’opéra rock ; cette figure haute en couleurs de la Belle époque immortalisée par Toulouse-Lautrec revit sous nos yeux de façon saisissante – Delphine est La Goulue ! Elle apporte une énergie et une gouaille semblables à celle de Louise Weber ,insoumise et libérée de tout carcan mondain ou de toute morale.
Nous la découvrons au début de la pièce vieillissante et passablement imbibée d’absinthe ; elle va nous conter ce que fut sa vie mouvementée entre triomphes sur la scène du Moulin Rouge et rencontres plus ou moins heureuses qui lui valurent sévices et autres maltraitances, amie des têtes couronnées et des malfrats des bas fonds de Pigalle.
Dompteuse de fauves, danseuse de Cancan, blanchisseuse ou icône de la Belle époque, cette Louise Weber représente une femme d’une extrême modernité, rebelle mais libre.
Elle fera équipe avec Valentin le désossé (également immortalisé par Toulouse-Lautrec) mais ne se guérira pas des peines de la perte de son fils ; elle décédera en 1929 dans la misère la plus totale.
Delphine Gustau, autrice et co-metteuse en scène avec Delphine Grandsart nous offre 80 minutes riches en émotions : nous partageons entre rires et larmes la vie d’un personnage que nous ne connaissions pas si bien et que nous avons du mal à quitter au terme de la représentation.
Cette évocation agrémentée d’une musique originale signée Matthieu Michard est joliment éclairée par les lumières du magicien Jacques Rouveyrollis.
Un pur bonheur de théâtre nous est proposé dans l’écrin du Lucernaire qui nous réserve si souvent de belles surprises.
Philippe Pocidalo