On se souvient bien de l’impressionnant film de Barbet Schroeder de 1990 Le Mystère von Bülow qui valut l’oscar du meilleur acteur à Jeremy Irons.
Nous retrouvons aujourd’hui sur scène l’intrigant Claus von Bülow sous les traits de Patrick Chesnais, face à son avocat Alan Dershowitz (Nicolas Briançon) dix ans après le verdict du procès qui blanchira le suspect.
Ces retrouvailles, imaginées par Alain Teulié, nous plongent dans le luxueux bureau d’Alan au cœur de Manhattan (somptueusement décoré par Jean Haas) et annoncent dès le début un jeu serré entre nos deux protagonistes.
La question se pose d’emblée : quel est le but de cette visite ?
L’épouse de Von Bülow toujours dans un coma profond depuis quinze ans ne semble pas prête à lever le voile sur les circonstances du drame ; Claus vient -il enfin faire la lumière et confesser un crime qu’il aurait commis, intentionnellement ou non ?
C’est tout l’enjeu d’une implacable joute verbale qui ne laissera peut-être pas désigner un vainqueur après une heure trente de confrontation.
Nos deux acteurs réussissent merveilleusement à restituer cette ambiance où nous passons d’une scène à l’autre d’une complicité évidente à une détestation affichée.
Leur finesse de jeu rehaussée par une subtile direction d’acteurs signée Dominique Guillo (assisté ici par Grégory Juppin) nous laisse, vous le verrez, sur une note teintée d’insatisfaction notoire ; tout comme Dershowitz, nous voudrions bien en savoir plus.
Claus va-t-il enfin révéler son secret ?
Patrick Chesnais interprète son personnage avec beaucoup plus d’humour et de désinvolture que Jeremy Irons dans le film qui se montrait d’un cynisme et d’une froideur hors du commun.
Nicolas Briançon toujours d’une grande justesse alterne au fil des saisons des rôles aussi différents que du ( bon) boulevard tels Le canard à l’orange ou bien encore Joyeuses pâques avec des textes plus littéraires (Jacques et son maître de Kundera).
Une solide soirée théâtrale nous est ainsi proposée ; signalons enfin les lumières de Laurent Béal qui donnent parfaitement l’ambiance voulue à ce match entouré de mystères et de non-dit .
Philippe Pocidalo
22 septembre 2023.
