Philharmonique de Monte-Carlo, dimanche 29 novembre, direction Kazuki Yamada, soliste Nicholas Angelich.
Un thème joué pianissimo aux violons (ré-mi, sol-la-si, do-si-ré) et voilà le Philharmonique de Monte-Carlo qui nous prend doucement par la main. On se laisse entraîner par lui, comme on le ferait avec un ami, dans une œuvre intitulée Ghetsenami , qui nous plonge au début dans un climat contemplatif puis bascule soudain vers des effets hollywoodiens, soutenus par des glissandos de harpe…
Ainsi commença le concert de dimanche en l’Auditorium de Monaco.
Ghetsemani, qui est une évocation du jardin dans lequel fut arrêté le Christ, est l’œuvre d’un chef d’orchestre qui, au début du XXème. siècle, fut aussi célèbre que Fürtwangler ou Toscanini : Vittorio de Sabata. Il fut directeur de l’orchestre de Monaco. Son Ghetsemani, qui est l’expression musicale d’une certaine Belle Epoque, nous a ému.
Un siècle après Vittorio de Sabata, c’est Kazuki Yamada qui dirige l’orchestre de Monaco. Son talent en fait un digne successeur.
La manière dont il a fait scintiller, vibrer, chatoyer, resplendir la Symphonie de Chausson fut admirable. Ce chef japonais n’a pas son pareil pour faire flamboyer la musique française !
Ainsi entendit-on couler le fleuve dense de cette symphonie imprégnée de Wagner et de Franck où, à la fin, une sonnerie de trompette se lève comme un soleil au dessus du flot tourmenté des cordes. (Trompettiste Matthias Persson). Ah, que le Philharmonique de Monte-Carlo fut beau en Chausson !
Le concerto de ce dimanche était le premier de Rachmaninov. On vit arriver en scène le grand pianiste Nicholas Angelich, avançant comme perdu dans un rêve, avec son allure de bon géant et son nœud papillon mis de travers. Une fois au piano, plus de bonhomie : ce virtuose aux doigts pleins d’accords et de gammes devient un cavalier sans peur et sans reproche. Pianiste aux mains puissantes, il fit étinceler les traits en cascades d’une partition fantastiquement virtuose. Au delà de la performance acrobatique, il donna à son jeu une densité qui nous toucha. Au passage, on retrouva le thème qui, jadis, servait d’indicatif à l’émission « Apostrophes , nous rappelant une époque où la télévision publique française pouvait être fière de sa culture. C’était jadis…
André PEYREGNE
