La cathédrale Sainte-Réparate dresse au dessus de la vieille ville de Nice son campanile baroque et son dôme génois aux quatorze mille tuiles vernissées. C’est dans l’abondance des stucs et des marbres de cet édifice chargé d’histoire que vient de se dérouler le Festival de musique sacrée de Nice. Ce festival qui, à l’orée de l’été, à la fin du siècle dernier, animait les rues et églises de la vieille ville, s’était tu pendant vingt ans.
A une époque où l’on ferme davantage de festivals qu’on n’en ouvre ou n’en rouvre, il vient de reprendre vie. Cette résurrection est due à la volonté du jeune directeur de l’Opéra de Nice, Bertrand Rossi qui, non seulement réussit sa saison lyrique, mais se dépense avec succès en projets multiples pour diffuser la musique à travers la ville.
Il n’a pas hésité à lancer son chœur de l’Opéra dans l’interprétation du RequieM de Fauré. On pouvait être inquiet sur la façon dont des voix verdiennes ou pucciniennes aborderaient cette « berceuse de mort » qu’est ce sublime Requiem. Et là – divine surprise ! – on eut droit à une interprétation idéale de délicatesse, de phrasé, d’émotion. Que le chef de chœur Giulio Magnanini en soit loué ! Mais aussi le baryton Thierry Delaunay et la soprano Virginie Maraskin, dont la voix angélique tomba du haut de la chaire où la cantatrice avait été installée.
Ce même soir, on assista à la création d’une Missa brevis d’un compositeur niçois, Olivier Dos Santos. Nous avons eu à plusieurs reprises l’occasion d’applaudir et admirer les qualités de chef d’orchestre et de pianiste accompagnateur de ce très bon musicien. En tant que compositeur, il cherche encore son style. C’est le propre des jeunes compositeurs ! Il exprime sa ferveur au travers de sauts acrobatiques qu’il impose à sa soprano (Elena Golomeova), de belles phrases mélodiques qu’il confie à sa mezzo (Cristina Greco) ou de passages vibrants confiés au chœur.
L’un des événements du festival fut le Requiem XIX de Laurent Couson, compositeur de musiques de films de Claude Lelouch. L’œuvre était pour ensemble de cuivres, piano, chœur et soprano. La particularité de la partition était que les paroles étaient en latin, hébreu et arabe – les trois religions monothéistes. Cette volonté d’œcuménisme était certes émouvante, mais comme les paroles n’étaient pas vraiment intelligibles, le but ne fut pas forcément atteint. En revanche, l’effet musical fut considérable car ce compositeur sait faire sonner son orchestre. On entend dans cette œuvre abondante, brillante, opulente, largement soutenue par les timbales, quelques échos lointains des Carmina burana de Orff ou même du RequieM de Verdi. Son Dies Irae éclate de manière somptueuse, son Tuba Mirum déferle à la manière d’une cavalcade. La soprano niçoise Melody Louledjian fut impressionnante. Par la beauté et l’intensité de ses aigus, par la concentration de son visage, et par ses mains ouvertes vers le ciel, elle était l’incarnation-même de la prière. Après tous ses passages exubérants, cette œuvre s’achève pianissimo sur un simple mi aigu du piano. Le choix de l’intimité après les coups d’éclat.
On ne peut qu’applaudir au retour du Festival de musique sacrée à Nice.
André PEYREGNE
20 et 23 juin 2023
MARDI 20 JUIN 2023 à 20h
MESSE / OLIVIER DOS SANTOS
Soprano Elena Golomeova
Alto Cristina Greco
Ténor Suhuan Jin
Baryton Florent Chamard
REQUIEM, OP. 48 / GABRIEL FAURÉ
Soprano Virginie Maraskin
Baryton Thierry Delaunay
Direction musicale Giulio Magnanini
Orgue Roberto Galfione
Choeur de l’Opéra de Nice
VENDREDI 23 JUIN 2023 à 20h
THE BOOK OF LIFE / LAURENT COUSON
REQUIEM XIX / LAURENT COUSON
Direction musicale Laurent Couson
Soprano Melody Louledjian
Choeur de l’Opéra de Nice
Orchestre Philharmonique de Nice