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Il barbiere di Siviglia à Liège : Séville, comme si vous y étiez !

Il barbiere di Siviglia à Liège : Séville, comme si vous y étiez !

samedi 28 octobre 2023
© ORW-Liège/J.Berger.

Il Barbiere di Siviglia, opéra de Gioachino Rossini à Liège, Opéra Royal de Wallonie 

La nouvelle production du Barbiere di Siviglia, réalisée pour l’Opéra Royal de Wallonie par Vincent Dujardin, nous change des actualisations et autres transpositions récentes sur fond de cuisine design ou de parking pour les scènes extérieures. Son spectacle est en effet complètement figuratif et classique et respecte à la lettre le livret de Cesare Sterbini. Nous sommes bien sur une place de Séville avec les façades claires de beaux immeubles, un lampadaire et une fontaine dans laquelle le metteur en scène a le bon goût de ne faire s’écouler l’eau qu’à de brefs instants, laissant ainsi l’auditeur dans de bonnes conditions d’écoute de la musique. Dans ce décor unique, même si l’on ouvre la façade de la maison de Bartolo au cours du premier acte, l’action continue de se dérouler sur la place où sont installés un secrétaire et un banc. Au second acte, un tissu tendu en travers du plateau, deux tableaux et un piano nous feront passer à l’intérieur du logis, tandis que l’échelle accrochée aux fenêtres à l’arrière permettra à Figaro et Almaviva de pénétrer dans la maison. Le jeu des protagonistes, réglé de manière vivante et assez naturelle, tire régulièrement vers le comique, mais sans excès, alors que les trois figurantes et les enfants qui passent et repassent ont un peu de mal à occuper l’espace.

A son arrivée en Vespa – la petite touche italienne de la soirée – le Figaro de Marcello Rosiello s’exprime dans son « Largo al factotum » avec des notes et un volume bien présents, même si le timbre n’est toutefois pas spécialement riche, avec quelques passages rapides davantage parlés que chantés. Il faut quand même reconnaître que son Figaro a du bagout, sa débrouillardise lui conservant son rôle de factotum de l’opéra. En comparaison, la voix de l’autre baryton Pablo Ruiz dégage plus d’ampleur et de séduction, conférant ainsi une appréciable autorité à Don Bartolo, en particulier dans son grand air « A un dottor della mia sorte » au chant sillabato exprimé bien distinctement. Déjà entendue, pour notre part, à Pesaro dans Il viaggio a Reims du même Rossini, Chiara Tirotta confirme ses qualités belcantistes en Rosina. La voix est saine, de couleur charmante, agile dans les passages vocalisés et capable d’un supplément de puissance dans l’émission de ses notes les plus aiguës. L’interprète sait aussi véhiculer les divers affects, entre sentiment amoureux lors de son air d’entrée « Una voce poco fa », déception amoureuse un peu plus tard, colère passagère, puis bonheur retrouvé. 

En quelques années seulement, le ténor russe Ruzil Gatin est parvenu à mettre son nom à l’affiche de maisons de renom, dans un répertoire léger et rossinien en particulier : Festival de Macerata en 2022 (Il Barbiere di Siviglia), Opéra de Marseille (Novembre 2022 – Elisabetta, regina D'inghilterra) ou encore Opéra de Lyon (janvier 2023 – Moïse et Pharaon). L’émission est bien concentrée, en particulier dans un registre aigu qui paraît facile et puissant, tandis que la partie grave est également exprimée avec aisance. L’agilité de son Almaviva ne montre en revanche pas toujours une fluidité naturelle, certaines notes ne parvenant pas à l’oreille de manière bien détachée, comme lors de son long air final « Cessa di più resistere » qui coince un peu, malgré le tempo ralenti par le chef. La souplesse vocale est en revanche une qualité de la basse Mirco Palazzi, bel instrument recouvert d’un très léger voile. Son air du premier acte « La calunnia è un venticello » a sans doute un petit déficit d’autorité ce soir en raison du choix opéré par le metteur en scène d’habiller le personnage en costume rouge, au lieu du noir habituellement plus inquiétant. Les voix séduisantes et bien timbrées d’Eleonora Boaretto (Berta) et Ivan Thirion (Fiorello) complètent avantageusement. 

Dès l’Ouverture, le chef Giampaolo Bisanti met de l’entrain dans sa direction musicale, mais sans effets superflus et en priorité au service des solistes sur le plateau. On peut goûter ainsi à la vis comica de l’ouvrage, en souriant en permanence de bon cœur, même si l’on connaît par avance les situations comiques et gags à venir entre protagonistes. Les chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège montrent également une belle forme, entre musiciens payés par Almaviva qui chante sa cavatine « Ecco, ridente in cielo » sous le balcon de Rosina (accompagné par la guitare sonorisée un peu fort…) et les gendarmes d’opérette à la conclusion des actes.

Irma FOLETTI
28 octobre 2023

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Direction musicale : Giampaolo Bisanti 
Mise en scène : Vincent Dujardin
Décors et costumes : Leila Fteita
Lumières : Bruno Ciulli

Il Conte Almaviva : Ruzil Gatin
Don Bartolo : Pablo Ruiz
Rosina : Chiara Tirotta
Figaro : Marcello Rosiello
Don Basilio : Mirco Palazzi
Berta : Eleonora Boaretto
Fiorello : Ivan Thirion
Un Ufficiale : Marc Tissons

Orchestre et Chœur : Opéra Royal De Wallonie-Liège

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