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I Lombardi au Festival Verdi de Parme dans la nouvelle production de Pier Luigi Pizzi

I Lombardi au Festival Verdi de Parme dans la nouvelle production de Pier Luigi Pizzi

samedi 7 octobre 2023
© Roberto Ricci
Après Il Trovatore mis en scène par Davide Livermore, vu l’avant-veille au Teatro Regio, on retrouve certains éléments scéniques utilisés ce soir par Pier Luigi Pizzi pour sa nouvelle production des Lombardi. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les deux réalisateurs mettent en commun certains moyens de production visuelle : on se souvient à cet égard de l’édition 2021 du Rossini Opera Festival à Pesaro où un immense mur vidéo en fond de plateau servait, suivant les soirées, à illustrer Moïse et Pharaon vu par Pizzi ou Elisabetta regina d’Inghilterra animée par Livermore. C’est un peu le même principe ici, à une échelle plus réduite sur le fond de scène du Teatro Regio, la qualité de définition des vidéos restant remarquable. 

Bon pied bon œil à 93 ans, il vient d’ailleurs saluer tout sourire à la fin du spectacle, Pier Luigi Pizzi a gardé à sa charge la réalisation des vidéos, en plus des décors et costumes. Comparées à celles mises au point par D-Wok l’avant-veille, on est ici beaucoup moins dans l’animation, mais davantage dans la fonction de décors. Les images stylisées, le plus souvent en noir et blanc, installent ainsi une scénographie assez hiératique où les personnages sont régulièrement comme figés. Au premier acte, et contrairement à la plupart des productions montrant la célèbre façade de la cathédrale de Milan (il duomo di Milano), c’est la cour de la basilique Saint-Ambroise qui est projetée. Autour d’un podium central en forme de disque, les hommes et femmes s’assemblent, avant de passer à l’intérieur. Toujours au premier acte, la plus belle image de la soirée est sans doute le groupe des femmes, dos tourné au public et dirigées par le chef des chœurs en titre Martino Faggiani, dans l'air « A te nell'ora infausta » et ceci devant la silhouette d’un orgue monumental. 

Scéniquement, le jeu d’acteur se révèle par la suite plutôt convenu et limité, alors que les vidéos oscillent globalement entre le réussi (forêt d’arbres sombres, la grotte de Pagano, …) et le moins convaincant (mosquée, vision de Jérusalem au loin, …). Le metteur en scène italien opte également pour une touche de Regietheater en faisant entrer sur scène, dès avant la première note de musique, Giselda ainsi que trois instrumentistes. Il est vrai que la flûte et la clarinette sont rapidement sollicités dans l’Ouverture, et encore plus la violoniste Mihaela Costea pour ses cinq bonnes minutes de solo plus tard à l'acte III, un curieux passage dans la composition verdienne, digne des concertos les plus virtuoses. La harpe interviendra aussi sur scène à l’acte IV, puis ce sera un couple d’enfants qui amènera à l’avant-scène un violon à la conclusion du spectacle, sans que l’on comprenne vraiment le rapport avec le dénouement de l’opéra de Verdi, quand Jérusalem tombe aux mains des croisés. 

Par ordre d’apparition, les deux frères ennemis Arvino et Pagano sont défendus respectivement par l’agréable ténor de format lyrique Antonio Corianò et la basse Michele Pertusi. Il faut signaler l’incident rencontré par ce dernier, qui oblige les organisateurs à marquer une pause non prévue en première partie. Il est alors annoncé qu’il poursuit sa participation, mais assis sur une chaise, le chanteur ayant en effet bien du mal à se tenir debout au rideau final. Mais sa prestation vocale ne s’en ressent curieusement pas, une voix sonore et autoritaire dès son premier air « Sciagurata ! hai tu creduto », la position assise ensuite convenant finalement bien à son rôle de l’ermite replié dans sa grotte. 

La soprano Lidia Fridman en Giselda déçoit sensiblement, en proie à plusieurs accrocs sur certains aigus rebelles en cours de représentation, ceci dès sa prière du premier acte « Salve Maria ». On la trouve en meilleure forme après l’entracte, mais on sent encore un certain inconfort sur quelques notes très haut perchées. L’autre ténor Antonio Poli en Oronte est une bonne surprise : passée sa cavatine d’entrée « La mia letizia infondere » sans doute un peu trop tendue, on apprécie ensuite ses généreux moyens, une large assise dans le médium complété par un registre aigu très vaillant. Même s’il peut encore progresser dans ce domaine, il s’efforce aussi de soigner le style, en prenant par exemple en mezza voce la deuxième strophe de la cabalette qui suit « Come poteva un angelo ». La distribution est complétée avec qualité, Giulia Mazzola et Galina Ovchinnikova pour la partie féminine, ainsi que les deux basses Luca Dall’amico et William Corrò. 

Le chef Francesco Lanzillotta étonne en début de représentation, par des tempi plutôt lents qui ne rendent pas au mieux la pulsation verdienne, par exemple dans le grand air « Sciagurata ! hai tu creduto » chanté par Michele Pertusi. Mais la cabalette qui suit est prise avec davantage de nerf et la musique revêt un juste contour dramatique à partir du deuxième acte, pour ne plus se relâcher. Les chœurs du Teatro Regio de Parme amènent aussi leur pierre à l’édifice, en particulier au cours du splendide « O signore, dal tetto natio » du quatrième et dernier acte, assurément l’une des plus belles pages chorales verdiennes avec « Va, pensiero » de Nabucco ou encore « Patria oppressa ! » de Macbeth.

Irma FOLETTI
7 octobre 2023

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I Lombardi alla prima crociata, opéra de Giuseppe Verdi
Parma, Teatro Regio  

Direction musicale : Francesco Lanzillotta
Mise en scène, décors, costumes et vidéos : Pier Luigi Pizzi
Lumières : Massimo Gasparon
Chorégraphie : Marco Berriel
Chef des chœurs : Martino Faggiani
Orchestre : Filarmonica Arturo Toscanini et Orchestra Giovanile della Via Emilia
Violino solista : Mihaela Costea
Chœurs : Coro del Teatro Regio di Parma

Arvino : Antonio Corianò
Pagano : Michele Pertusi
Viclinda : Giulia Mazzola
Giselda : Lidia Fridman
Pirro : Luca Dall’amico
Un prieur de la ville de Milan : Zizhao Chen
Acciano : William Corrò 
Oronte : Antonio Poli
Sofia : Galina Ovchinnikova

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