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Festival Verdi : Nabucco en concert à Fidenza

Festival Verdi : Nabucco en concert à Fidenza

vendredi 6 octobre 2023
© Roberto Ricci
Située à une vingtaine de kilomètres de Parma, la ville de Fidenza est le lieu qu’a choisi le Festival Verdi pour représenter l’un de ses titres à l’affiche. C’était par exemple Il Trovatore l’année dernière, en version scénique, et c’est au tour de Nabucco pour cette édition, avec deux représentations en forme de concert. Et c’est un privilège d’assister à une telle soirée, tant le petit théâtre Girolamo Magnani offre une proximité visuelle et acoustique rare. La fosse de taille modeste ne permet pas d’accueillir l’effectif prescrit par le compositeur, mais le nombre réduit de musiciens ménage justement un agréable équilibre avec le plateau, toutes les couleurs verdiennes ressortant tout de même avec fidélité.

L’orchestre du Filarmonica Arturo Toscanini est placé sous la baguette du chef Giampaolo Bisanti, actuel directeur musical de l'Opéra Royal de Wallonie à Liège. Sa direction s’avère passionnée et passionnante, se mettant toujours au service du plateau. L’ouverture est conduite plutôt lentement, mais avec du sentiment, en particulier la flûte poétique et la trompette sûre. On rencontre certes de courts moments plus faibles au long du concert, comme l’introduction peu précise à la petite harmonie de l’air de Zaccaria « Vieni, o Levita » du deuxième acte, mais le chef italien parvient globalement à tirer un excellent résultat de cette phalange. Certains instrumentistes ont été relégués dans les loges adjacentes à la fosse, par exemple les deux harpes en avant-scène à jardin et les percussions de l’autre côté. Placés justement à cour à trois loges de la grosse caisse, nous recevons l’éclair lancé sur Nabucco à la conclusion du deuxième acte comme un véritable coup de tonnerre qui fait trembler les cloisons et les spectateurs en même temps !

La distribution vocale est d’excellente tenue, avec en tête la très impressionnante Abigaille de Marta Torbidoni. Le timbre est agréable et homogène sur toute la tessiture, rôle pourtant meurtrier pour ses intervalles très larges. Les aigus sont dardés et le grave bien exprimé, du moins idéalement dans ce théâtre de petites dimensions. La chanteuse dispose aussi d’une agilité bien huilée pour les rares passages plus fleuris et ajoute même de petites variations originales et bienvenues dans la reprise de sa cabalette du II « Salgo già del trono aurato ». Minuscule bémol, elle privilégie le plus souvent la nuance forte au détriment du piano, dont la plus grande utilisation amènerait une palette de couleurs vocales encore plus étendue. Vladimir Stoyanov campe quant à lui un vigoureux Nabucco, mettant du mordant dans ses attaques et un ton insidieux qui correspond bien au caractère du personnage des deux premiers actes. On décèle une petite baisse de régime en dernière partie du II, mais le baryton, les yeux rivés sur la partition pendant la majeure partie de la soirée, devient très touchant ensuite. Son legato émeut au III dans sa rude confrontation avec Abigaille, puis au dernier acte quand il délivre un « Dio di Giuda » d’une grande douceur.

Troisième rôle d’importance, Zaccaria est défendu par la basse Marko Mimica qui laisse une impression plus mitigée. Si l’autorité ne fait pas de doute lorsqu’il intervient ponctuellement dans un volume très imposant, la conduite de ses airs plus longs perd sensiblement en stabilité par instants. C’est vrai pour sa prière « Vieni, o Levita » déjà évoquée plus haut, où le chanteur semble un temps perdu pour ce qui concerne l’intonation, tandis que la conclusion du III « Del futuro nel buio » est plus réussie, un extrait certes plus agressif dans le ton. Le ténor Marco Ciaponi compose un Ismaele très vaillant, diction claire, voix bien concentrée et une ligne élégante et très musicale, alors que la mezzo Caterina Piva en Fenena fait entendre une jolie voix ronde, capable aussi d’enfler certaines notes.

Les chœurs enfin sont ceux du Teatro Regio de Parma, superbement préparés par Martino Faggiani. La cohésion d’ensemble est irréprochable, tout autant que la qualité de son de l’ensemble, ainsi que des pupitres entendus séparément. Dans ces conditions, le célèbre « Va, pensiero » est assez exceptionnel, conduit tout en lenteur, finesse et intériorité, le chef impulsant simplement un peu plus d’ampleur à certains moments… décidément une très belle soirée d’opéra !

Irma FOLETTI
6 octobre 2023
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Nabucco, opéra de Giuseppe Verdi
Fidenza, Teatro Girolamo Magnani 

Direction musicale : Giampaolo Bisanti
Chef des chœurs : Martino Faggiani
Orchestre : Filarmonica Arturo Toscanini
Chœurs : Coro del Teatro Regio di Parma

Nabucco : Vladimir Stoyanov
Ismaele : Marco Ciaponi
Zaccaria : Marko Mimica
Abigaille : Marta Torbidoni
Fenena : Caterina Piva
Il Gran Sacerdote di Belo : Lorenzo Mazzucchelli
Abdallo : Marco Miglietta
Anna : Lei Wu

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