Cette soirée de gala au cours de laquelle l’opéra de Nice fête traditionnellement ses mécènes s’est transformée en une miraculeuse rencontre entre Giacomo Puccini et Ermonela Jaho.
Le jeune chef espagnol Óliver Díaz avait concocté un programme remarquablement équilibré, émaillé de pièces symphoniques comme le Preludio Sinfonico ou l’intermezzo de Manon Lescaut mais également avec la participation du chœur de l’Opéra de Nice (direction Giulio Magnanini) des extraits importants de trois ouvrages captivants du répertoire, Turandot, Madame Butterfly et Suor Angelica.
Comme toujours le public a succombé à la magie des harmonies Pucciniennes, mais on a véritablement vécu un moment rare dans l’intensité émotionnelle avec la prestation de l’exceptionnelle Ermonela Jaho. Les sons filés, les allègements en apesanteur dessinent une Liu presque irréelle, puis Ermonela Jaho se fond dans Butterfly.
« Un bel di vedremo » entraîne le public dans une quasi extase puis le ténor Antonio Corianò, en répétition pour la future production de ce même ouvrage in loco, enchante le public avec son émouvant « Addio fiorito asil ».
La merveilleuse soprano d’origine albanaise va conduire l’assistance au paradis (!) dans la scène finale de Suor Angelica, fascinante scéniquement dans sa robe fourreau, tour à tour frémissante et exaltée, elle laisse à l’ultime note le public cloué sur son siège et pétrifié par la puissance de l’incarnation.
Plus tard, au dîner qui suivait le spectacle Bertrand Rossi a expliqué que le théâtre ne disposait pas des moyens de la Scala ou du Met, mais qu’il avait sollicité Ermonela Jaho pour qu’elle revienne à Nice se produire dans un ouvrage lyrique. Un demi sourire a fleuri sur les lèvres de la diva lorsque le directeur a précisé qu’elle n’avait pas dit oui… mais qu’elle n’avait pas dit non , non plus ! Cette artiste est tout simplement divine.
Yves Courmes
9 février 2024