Cette comédie musicale d’André Messager et d’Albert Willemetz, la dernière du compositeur, a été créée avec grand succès le 29 septembre 1928 au théâtre Marigny à Paris avec Marcelle Denya et Raimu dans les rôles principaux. Elle nous est ici présentée par Les Frivolités Parisiennes en coproduction avec le Théâtre impérial de Compiègne et l’Athénée Louis-Jouvet.
L’intrigue, inspirée du roman éponyme de Maurice Larrouy, peut se résumer ainsi : en allant inspecter le croiseur de guerre le Montesquieu, le Haut-Commissaire Puy-Pradal est loin de se douter qu’ un coup de roulis fortuit va bouleverser les cœurs de tous les protagonistes… intrigues, coups de théâtre, nous serons évidemment conduits vers un happy end indispensable comme dans toute opérette du genre qui se respecte !
Ne le cédant en rien à ses devancières Véronique ou Les P’tit’s Michu, Coups de roulis témoigne d’une inventivité renouvelée dans l’inspiration et l’orchestration en s’adaptant aux rythmes des années vingt, avec notamment le pseudo-tango chanté par Puy-Pradal.
Disons-le tout de suite, le spectacle séduit dès l’ouverture jouée par un orchestre nombreux et parfaitement dirigé par la Cheffe Alexandra Cravero. Pendant que la mélodie court, des projections sur grand écran nous font découvrir les divers interprètes de l’intrigue de façon plaisante, procédé que l’on retrouvera avec les deuxième et troisième actes, avec un rapide résumé de l’action filmée sous un angle différent de celui vu par le public.
La mise en scène de Sol Espeche et la scénographie d’Orla Puppo ne laissent rien au hasard ; le moindre geste est calculé de façon à mettre en valeur le dialogue ou à produire un effet comique sans jamais tomber dans l’extravagance ni la grivoiserie.
Les costumes sont chatoyants pour les dames au second acte et pour les hommes se caractérisent par le port d’un short, plus ou moins long selon les grades !
Non seulement le spectacle s’écoute avec beaucoup de plaisir tant la partition est d’une élégante jeunesse mais les airs sont joliment chantés par une équipe particulièrement homogène. Le Puy-Pradal de Jean-Baptiste Dumora, loin des rondeurs de Raimu ou de ses successeurs s’avère aussi à l’aise en inspecteur pincé qu’ en père rejoint par le démon de midi ; Clarisse Dalles prête sa silhouette et sa voix à Béatrice dont chacun des airs sont typiques de la musique de Messager.
Irina de Baghy, pulpeuse et extravertie à souhait, livre de brillants aigus en interprétant une irrésistible Sola. Les deux rivaux masculins sont bien campés par le Kermao de Christophe Gay et le Gerville de Philippe Brocard.
Chacun des membres de l’équipage fait bien plus que de la figuration ; n’oublions pas Mathieu Septier, Célian d’Auvigny, Maxime Le Gall, Matthias Deau ainsi que Guillaume Baudoin, il s’agit là d’un cast sans fautes.
Et nous sommes comme toujours avec l’Orchestre et le Chœur des Frivolités Parisiennes dans l’excellence absolue.
Bernard Crétel
5 mars 2023