Concerto pour violon no 1 en sol mineur de Max Bruch
L’œuvre composée par Max Bruch entre 1864 et 1866 avec diverses révisions (dont la dernière date de 1868) comporte trois mouvements : une rhapsodie en guise d’introduction en forme de romance élégiaque, un adagio lyrique et un final au caractère dansant : celui des fêtes sautillantes et joyeuses suivi d’un thème langoureux.
Dans ce concerto de Max Bruch, on entend le violon de Marina Chiche, l’une des plus remarquables violonistes françaises, empruntant parfois « la voix chantée » d’un violoncelle (notes graves) pour exhaler toute la poésie romantique de ces pages. Les cordes sont très sollicitées mais les petits bois et les flûtes apportent aussi et avec bonheur leurs touches fruitées. Dans ce concerto où de courts silences entrecoupent la mélodie, certains passages annoncent déjà ce que seront les motifs voluptueux de Richard Strauss dans son Rosenkavalier (trio final Maréchale, Octavian, Sophie).
Longues acclamations fort méritées à l’adresse de Marina Chiche pour sa virtuosité comme pour sa sensibilité musicale et applaudissements nourris pour le Philharmonique de Nice.
Sinfonia Domestica de Richard Strauss
La Sinfonia Domestica Op.53 (Symphonie domestique) a été composée par Richard Strauss en 1902. La première a lieu le 21 mars 1904 au Carnegie Hall de New York avec le Wetzler Symphony Orchestra sous la direction du compositeur
Il s’agit de la seconde œuvre d’inspiration autobiographique du musicien, écrite peu après Une vie de héros de la même veine. Elle est d’ailleurs dédiée à sa femme et à son fils, Franz. Dès avant la publication de la partition, le compositeur s’était exprimé par voie de presse : « Mon prochain poème symphonique présentera une journée de ma famille. Il sera à la fois lyrique et humoristique. Une triple fugue racontera papa, maman et bébé », et Strauss d’ajouter : « Qu’y a-t-il de plus sérieux que la vie conjugale ? Je veux que la symphonie soit prise au sérieux. Le côté « domestique » contraste avec la particulière richesse de l’orchestration dont est coutumier Strauss. Il décrit l’atmosphère familiale sereine à trois, avec ses moments de tendresse, d’amour et de disputes.
Pour la circonstance, l’Orchestre Philharmonique de Nice est composé exceptionnellement de 101 musiciens, une trentaine de musiciens supplémentaires ayant été recrutée pour cette monumentale symphonie. Évidemment, beaucoup plus de bois et de cuivres (notamment saxophones) que pour le concerto de Max Bruch et aussi des pupitres de cordes amplement complétés de harpes. La luxuriance de la partition est celle que l’on retrouve chez Strauss dans ses opéras, comme Le Chevalier à la rose, La Femme sans ombre, Arabella etc. particulièrement mis en valeur par les pupitres de clarinettes, flûtes et violoncelles.
A la baguette Daniele Callegari vient démontrer qu’il n’est pas exclusivement voué aux œuvres italiennes. Ce grand spécialiste de Verdi fait montre de sa large palette interprétative et de son adéquation avec le romantisme allemand du 19ème siècle à la tête d’un orchestre rutilant tout autant impressionnant dans sa cohésion que dans sa qualité musicale.
Christian Jarniat
5 mai 2023