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Badisches Staatstheater Karlsruhe « Male Pasqua » (Pâques sanglantes) avec Cavalleria Rusticana et Pagliacci

Badisches Staatstheater Karlsruhe « Male Pasqua » (Pâques sanglantes) avec Cavalleria Rusticana et Pagliacci

dimanche 27 octobre 2024

©Felix GRÜNSCHLOSS

Le Badisches Staatstheater de Karlsruhe a programmé dans sa saison lyrique 2024/2025, les deux opéras, chefs d’œuvre du « Vérisme », avec Cavalleria Rusticana de Pietro Mascagni et Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, retraçant l’amour, la passion, l’honneur et la jalousie mortelle dans les 2 cas.

Le metteur en scène Dietrich Hilsdorf a eu l’idée originale d’en faire une seule et même œuvre en 24 heures. Le drame se situe dans le village sicilien de Vizzini, après la seconde guerre mondiale, le matin du dimanche de Pâques, exactement le 21 avril 1946.

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 ©Felix GRÜNSCHLOSS

Le décor unique, très ingénieux de Dieter Richter montre la Piazzetta San Teresa dans ce village au Sud de Catane. Un décor, certes minimaliste, mais oh combien parlant, avec une grande horloge sur le côté, qui est réglée à la minute près, du matin 9h (pour Cavalleria Rusticana) jusqu’à 23h (pour Pagliacci avec le double meurtre de Nedda et de son amant Silvio), une Madone faiblement éclairée nichée dans un mur, quelques tables et chaises, même une Vespa rouge qui descend la petite ruelle… le tout mis en lumières par Rico Gerstner.

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 ©Felix GRÜNSCHLOSS

Pour Pagliacci toujours le même décor, mais avec une scène pour le théâtre dans le théâtre, voulu par le metteur en scène où se joue le drame entre Pagliacci et Nedda (son épouse).

La soirée débute avec le prologue de Pagliacci, avec la superbe prestation du baryton sud-coréen Kihun Yoon dans le rôle de Tonio qui, dès ses premières notes, captive le public. Toute l’œuvre de Mascagni est dominée par la malédiction de Santuzza enceinte, trahie et abandonnée par Turridu, exclue par les villageois et excommuniée, l’obligeant à quitter le village. Toute la cruauté humaine et émotionnelle de la coexistence villageoise, dictée par les traditions et « l’honneur paysan »y est impitoyablement exprimée. Tout cela fonctionne très bien, grâce au casting vocal composé d’excellents chanteurs et comédiens à la fois. On est frappé par l’absence d’émotion et l’amertume stoïque de Mama Lucia interprétée par Mélanie Lang.

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 ©Felix GRÜNSCHLOSS

La mezzo-soprano Ann-Beth Solvang incarne une Santuzza avec passion, de manière très convaincante dans les moments tendres, suppliant Turridu de revenir vers elle, et aussi dans les accès de colère et de jalousie. La valse dansée avec Alfio où elle lui demande d’assassiner Turridu est explosive, en somme une danse « macabre ». Elle a une belle voix volumineuse, mais qui mériterait d’ être plus dramatique et plus grave par moments. Le ténor solide et tonitruant (un peu trop à mon avis) Milen Bozkov tient les deux rôles de Turridu (dans Cavalleria) et Canio (dans Pagliacci) avec vaillance. Il est dépeint (par Hilsdorf) dans Turridu comme un être sans scrupules qui en plus d’abandonner Santuzza enceinte, vole les sous durement gagnés par sa mère Mama Lucia.

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 ©Felix GRÜNSCHLOSS

Le plus convaincant et impressionnant tant vocalement que scéniquement est le baryton Kihun Yoon dans le rôle d’Alfio (Cavalleria) mais surtout dans Tonio, l’infirme amoureux et passionné qui par jalousie et vengeance mène au meurtre de Nedda et Silvio par Canio. Sa voix est puissante et grave ajoutant du dramatique et aussi de l’émouvant dans le rôle de Tonio. Dommage que dans Pagliacci, on l’ai affublé d’un accessoire, inutile et en plus vulgaire, surtout dans le contexte de la Sicile si croyante. La soprano Inga Schlingensiepen incarne une Nedda parfaite avec sa voix épanouie et ses aigus radieux sans son air « qual fiamma avea anel guardo », très applaudi. Les seconds rôles ne déméritent pas : Tomohiro Takada (Silvio) et Beomjin Angelo Kim (Beppe) ont chanté et joué leurs rôles avec passion et enthousiasme.

Les Chœurs du Badische Staatstheater et les « Extrachor », parfaitement encadrés et dirigés par le chef des chœurs Thomas Bönisch ont contribué à la réussite de cette soirée par leur précision et conviction vocale.

Dans la fosse, le chef Johannes Willig dirige admirablement les deux chef d’œuvre du vérisme, mettant en valeur les subtilités de la composition orchestrale du drame sicilien de Cavalleria, puis dessinant avec beaucoup de couleur, les airs de Pagliacci.

Un franc succès au Badische Staatstheater de Karlsruhe pour les deux opéras et de longs applaudissements pour les musiciens, le chef et les chanteurs à l’issue du spectacle.

Marie-Thérèse Werling
27 octobre 2024

Direction : Johannes Willig
Mise en scene : Dietrich W. Hilsdorf
Décors :  Dieter Richter
Costumes : Nicola Reichert
Lumières :  Rico Gerstne
Dramaturgie : Stephanie Twiehaus

Santuzza  : Ann-Beth Solvang
Turiddu / Canio :  Milen Bozhkov
Alfio / Tonio :  Kihun Yoon
Nedda : lna Schlingensiepen
Mamma Lucia :  Melanie Lang
Lola :  Florence Losseau
Silvio : Tomohiro Takada
Beppe :  Beomjin Angelo Kim

Dorfleute Dylan Glenn, Edgars Skarbulis, Sichao Cheng, Wei Liu, Katarzyna Kempa, Ilka Kern, Susanne Schellin

 

Les Chœurs du Badische Staatstheater et Extrachor
Statisterie des Badischen Staatstheaters
Badische Staatskapelle

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