La salle Favart avait présenté en 2022 l’Armide préclassique de Gluck avec Véronique Gens et Ian Bostridge dans les rôles titres.
L’équipe gagnante composée de Christophe Rousset et ses Talens Lyriques ainsi que Lilo Baur à la mise en scène, nous revient en cette fin de saison pour une série de représentations de l’ultime chef d’œuvre de Lully composé en 1686.
Nous redécouvrons ainsi l’élégante mais très réussie scénographie du trio d’origine composée de Bruno de Lavenère (décors), d’ Alain Blanchot (costumes) ainsi que de Laurent Castaingt qui nous offre une fois de plus de somptueuses lumières.
La magie opère totalement sous les feux or, rouge et noir, symboles de la tragédie qui se déroule devant nos yeux mettant en scène les amours contrariées de la reine de Syrie Armide avec le vaillant chevalier croisé Renaud.
Le choix que devra faire notre héros entre l’amour et le devoir s’avérera particulièrement épineux .
Popularisé sous le nom d'”opéra des dames”, Armide fut le premier ouvrage lyrique représenté en Italie, avant de devenir pour les européens du siècle des lumières un modèle du genre.
Il comporte un prologue (que Gluck avait écrit puis coupé dans sa version de 1777) et cinq actes ,le livret de Philippe Quinault étant tiré de La Jérusalem délivrée du Tasse.
Ambroisine Bré endosse avec brio l’écrasant rôle d’Armide.
Nous l’avons par le passé applaudie sur cette même scène dans Lakmé et déjà loué ses remarquables qualités vocales de mezzo-soprano.
Face à elle, Cyrille Dubois ténor reconnu depuis de nombreuses saisons incarne un parfait Renaud ; ils forment tous deux un couple dont on ressent à la fois l’amour et la fureur, prisonniers d’une situation dont ils ne sortiront pas indemnes.
On retrouve des têtes connues de la distribution de 2022 : Edwin Crossley-Mercer, Enguerrand de Hys, Florie Valiquette et Apolline Raï-Westphal et nous ne nous en plaindrons pas.
Lysandre Châlon, Anas Séguin et Abel Zamora complètent la distribution masculine ; l’homogénéité du plateau vocal est à souligner sans réserves, en n’omettant pas de citer le dynamique chœur de chambre Les éléments.
D’agréables mouvements chorégraphiques signés Cláudia de Serpa Soares ponctuent le spectacle; l’exiguïté du plateau ne permet hélas pas de larges développements d’expression corporelle.
L’orchestre Les Talents Lyriques et son chef Christophe Rousset – ovationnés – nous confirment que l’écrin de la salle Favart demeure véritablement idéal pour représenter des opéras assez intimistes que nous avons la chance de découvrir au fil des saisons. Les rendez-vous sont par ailleurs d’ores et déjà à prendre pour la saison 24/25 avec Auber,Rameau,Gluck …et les autres!
Philippe Pocidalo
21 Juin 2024.
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène : Lilo Baur
Chorégraphe : Claudia de Serpa Soares
Décors : Bruno de Lavenère
Costumes : Alain Blanchot
Lumières : Laurent Castaingt
Distribution :
Armide : Ambroisine Bré
Renaud : Cyrille Dubois
Hidraot ; Edwin Crossley-Mercer
La Haine : Anas Séguin
Ubalde, Aronte : Lysandre Châlon
Artémidore, Le Chevalier danois : Enguerrand de Hys
Gloire, Sidonie, Lucinde, La Bergère : Florie Valiquette
Sagesse, Phénice, Mélisse, La Nymphe : Apolline Raï-Westphal
L’Amant Fortuné : Abel Zamora (Académie)
Danseur.s.es : Fabien Almakiewicz, Nicolas Diguet, Rafael Pardillo,
Mai Ishiwata, Giota Kallimani, Emilio Urbano
Orchestre Les Talens Lyriques
Chœur Les éléments
