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A l’Holy Trinity Church de Cannes les Liberi Cantori s’éclatent dans la Vie parisienne

A l’Holy Trinity Church de Cannes les Liberi Cantori s’éclatent dans la Vie parisienne

samedi 25 novembre 2023

©DR

Le groupe Liberi Cantori fait vivre régulièrement l’art lyrique à Cannes en présentant non seulement des concerts mais encore, des succès opératiques du répertoire. Nous avions assisté en ces mêmes lieux, en janvier 2023, à une Tosca avec Cécilia Arbel dans le rôle-titre, entourée de Luca Lombardo en Mario Cavaradossi et de Jean-Christophe Brun dans celui du Baron Scarpia. Drame sanglant autant qu’hallucinant et thriller haletant dans lequel les trois protagonistes disparaissent en seulement quelques heures frappés de mort violente, l’un poignardé, l’autre fusillé et la troisième se jetant du haut de la tour du Château Saint-Ange de Rome !

Dix mois plus tard Les Liberi Cantori reviennent en nous proposant, en un contraste saisissant, La Vie parisienne aux antipodes des sombres arcanes de l’âme humaine mises en musique par Puccini. Cette fois-ci on célèbre avec insouciance les plaisirs et le bonheur doublés d’un humour ravageur. De la première à la dernière mesure que d’amours et de folies formant une ronde trépidante dans laquelle chacun ne cherche qu’à s’éclater ! Le ton en est d’ailleurs donné par le baron de Gondremarck, riche aristocrate suédois qui, en visite à Paris, envisage bien, selon ses propres termes de « s’en fourrer jusque-là » tandis que son épouse, fine mouche et moins naïve qu’il ne pourrait paraître n’entend pas demeurer en reste.

Comme nous sommes au 19ème siècle, sous l’empire de Napoléon III, les demi-mondaines font florès et la sensuelle Metella traîne derrière elle une nuée d’amants sans se soucier de créer la zizanie entre deux amis intimes Bobinet et Gardefeu lesquels ne tarderont pas d’ailleurs à se réconcilier pour se lancer vers de nouvelles conquêtes amoureuses. Metella étant infidèle – qu’à cela ne tienne ! – ils iront désormais s’adonner aux femmes du monde et mener joyeuse vie dans les salons à la mode. Les domestiques deviendront pour un soir aristocrates et tout sera complètement brouillé dans les vapeurs de la fête où le champagne coule à flots sans se préoccuper de savoir qui berne qui…

N’oublions pas qu’Offenbach était à son époque – mais aujourd’hui encore – synonyme de « joie de vivre » et c’est sans doute la raison pour laquelle ses opérettes (ou plus exactement ses opéras-bouffes) demeurent toujours d’actualité et en tout cas, continuent à remplir les salles car elles parviennent à réunir tous les publics. Incontestablement celui que l’on a surnommé « le petit Mozart des Champs-Élysées » continue à faire recette !

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Guy Bonfiglio © Jean-Charles Mourey

Pour mener à bien pareille entreprise, il fallait un metteur en scène qui connaisse sur le bout des doigts – et aime – ce type d’ouvrage : Guy Bonfiglio (on se souvient avec plaisir de La Périchole qu’il avait adroitement monté au Festival Opus de Gattières). Il réussit en maniant adroitement ironie et parodie à entraîner une équipe virevoltante dans une bonne humeur qui ne faiblit à aucun moment. Compte tenu des contingences de l’Église Holly Church, la structure du décor est doublée d’un écran sur lequel défilent d’un bout à l’autre des images vidéo particulièrement bien choisies et parfois hilarantes (on les doit à la pertinence et au goût de Jean-Charles Mourey). Pour Tosca, on était à Rome et ici, on est à Paris dans cette époque flamboyante où les touristes du monde entier arrivent en masse par chemin de fer à la Gare de l’Est et se répandent dans les rues de la capitale (en passant par les lieux incontournables de la ville lumière) pour en rejoindre ensuite les salons huppés.

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Sabrina Collomb, Fréderic Diquero et Jean-Christophe Brun © Jean-Charles Mourey

Le public peut suivre avec intérêt ces pérégrinations nourries d’images sans cesse renouvelées et systématiquement drôles (avec des clins d’œil tantôt au cinéma balbutiant tantôt à la bande dessinée) tandis que toute la troupe est en perpétuel mouvement aussi bien sur le plateau qu’au travers des allées où, se mêlant au public, les artistes fusionnent avec les spectateurs parties prenantes emportés par ce tourbillon permanent.

La distribution est composée d’artistes qui jouent à fond le jeu et dont certains, s’étaient déjà déjà illustrés dans La Vie Parisienne à l’Opéra de Nice. On pense notamment à Frédéric Diquero sémillant et entreprenant Gardefeu et à Cécile Lo Bianco qui passant du rôle de la baronne à celui de Gabrielle la révéle en constants progrès, tant sur le plan du théâtre que sur celui du chant. Quant au metteur en scène Guy Bonfiglio, il se taille la part du lion avec Fritz, faisant exploser avec une stupéfiante vis comica son bottier aussi bien dans le duo avec la gantière que dans ses inénarrables couplets du Major. Jean-Christophe Brun se glisse avec gourmandise dans la peau du baron de Gondremarck dont il fait, avec délectation, un ogre géant aussi volubile que picaresque, tandis qu’Elisabeth Aubert met tout le fruit de son expérience dans une malicieuse Metella.

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Ornella Bastoni, Cécile Lo Bianco et Léa Laude ©Jean-Charles Mourey

Gilles San Juan, lui aussi retrouve son « emploi niçois » de brésilien exubérant et déjanté, tandis que Sabrina Colomb dessine une exubérante baronne au sourire ravageur. Enfin, Claude Deschamps véritable institution incontournable de l’opérette en France – qui quelques jours auparavant avait brûlé les planches au Théâtre de l’Odéon dans Girelle de Un de la Canebière  se livre à un numéro tout aussi époustouflant en s’investissant, avec un dynamisme hors pair, dans un Bobinet survolté. Une mention toute particulière pour la Pauline piquante et enjôleuse de Léa Laude en outre en charge de la direction du chœur.

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Ornella Bastoni, Jean-Charles Mourey et Léa Laude ©Jean-Charles Mourey

Exécution parfaite d’Eugénie Goldobine au piano et costumes fort seyants d’Elisabeth Aubert.

Excès, poursuites, changements d’identité, méprises, tromperies, travestissements, masques… avec les têtes qui tournent, les cœurs qui bondissent et les bulles de champagne qui pétillent cette Vie parisienne menée avec une réjouissante allégresse par une troupe totalement investie et parfaitement dirigée permet d’oublier, l’espace d’une soirée, un monde qui n’est pas toujours rose et constitue un astucieux prélude aux fêtes de fin d’année qui s’annoncent.

Christian Jarniat

25 novembre 2023

Distribution :

Mise en scène : Guy Bonfiglio

Direction musicale et piano :Eugénie Goldobine

Direction du chœur : Léa Laude

Costumes : Elisabeth Aubert

Vidéo :Jean-Charles Mourey

Régie et communication : Eric Girauldon et Jose Garcia

Présentation : Patricia Payne

 

Gabrielle : Cécile Lo Bianco

Metella : Elisabeth Aubert

Le Baron : Jean-Christophe Brun

La Baronne : Sabrina Collomb

Raoul de Gardefeu : Frédéric Diquero

Bobinet : Claude Deschamps

Le Brésilien :Gilles San Juan

Frick : Guy Bonfiglio

Pauline : Léa Laude

Alphonse /Prosper :Jean-Charles Mourey

Joseph /Alfred : Michel Gallo

Clara /Serveuse : Laure Exertier

Louise : Ornella Bastoni

Léonie : Marion Barneaud

Gontran / Urbain / Serveur : Maxime Martelot

Employé /Serveur / Gordon Wheatley

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