Ce grand jeune homme auquel les lunettes et les joues rondes donnent une allure enfantine est l’un des chefs d’orchestre les plus en vue du moment. Il s’appelle Tarmo Peltokoski, a 24 ans et vient de Finlande – ce pays qui fabrique les chefs d’orchestre à la chaîne : Mikko Franck, Esa Pekka Salonen, Klaus Makela, Juka-Pekka Saraste, etc.
Il a été magnifique dans la direction de la 4e Symphonie de Mahler à Monaco. Nous avions rarement entendu une interprétation aussi claire, explicite, compréhensible, d’une symphonie de Mahler.
On imagine l’extrême précision du travail qui avait été effectué en amont. On admira le soin apporté dans la gradation des nuances, dans l’expression des contrastes, dans la façon de pousser à l’extrême le son de certains instruments : la clarinette de la soliste Marie Barrière, (jouée vers le haut pour en augmenter la stridence), le cor d’Andrea Cesari au métal incandescent, le violon de la super-soliste Liza Kerob aux sonorités diaboliques voulues par Mahler.
Dans le final, un texte est chanté par une soprano. Mahler l’a extrait du recueil des Knaben Wunderhorn (Cor enchanté de l’enfant ). Il a utilisé plusieurs textes de ce recueil dans ses symphonies 2, 3, 4. Le paradis y est décrit comme un lieu où… « il pousse des choux de toutes sorte, des bonnes asperges, des haricots verts et où Saint Pierre pêche le poisson, Saint Luc égorge le bœuf et Sainte Marthe fait la cuisine » ! Heureusement, on ne comprend pas les paroles ! Ce qu’on admira, en revanche, c’est le chant de la soprano israélienne Chen Reiss .
Ce fut un vrai régal. Sa voix était celle d’un authentique paradis.
En première partie du concert, cette soprano israélienne avait interprété avec le même bonheur les sept beaux lieder de jeunesse d’Alban Berg. Le jeune compositeur non encore rompu au dodécaphonisme s’y laisse influencer par Richard Strauss ou Debussy. Ces sept lieder furent magnifiés par le chant de Chen.
André PEYREGNE
14 avril 2024