Puccini avait du génie. Bien sûr, les auditeurs de la Tosca, de la Bohème ou de Madame Butterfly le savent depuis longtemps. Mais ceux de la Messa di Gloria en ont-ils conscience? Savent-ils que ce chef d’œuvre de musique sacrée a été composé lorsque Puccini avait 20 ans, qu’il était encore élève au conservatoire de sa ville natale de Lucca, et qu’il n’avait pas encore été admis au conservatoire de Milan ? Combien d’élèves de conservatoires, dans l’histoire de la musique, ont-ils écrit des œuvres aussi accomplies ?
Cette Messa di Gloria, nous l’avons entendue au festival de musique sacrée de Cagnes-sur-Mer. Au programme figurait également le Motetto di San Paolino que Puccini a écrit encore plus tôt, en hommage au saint patron de sa ville. C’est sans doute sa toute première œuvre pour soliste, choeur et orchestre. Elle est d’une écriture, certes, plus académique que la Messa di Gloria mais témoigne déjà d’une admirable science de l’écriture. Elle présente une étrangeté au niveau historique. Son manuscrit, qui a été retrouvé au XXème. siècle comporte, de la main de Puccini la date du 25 avril 1878. Or, on possède des programmes qui prouvent que cette œuvre a été interprétée le… 12 juillet 1877. Il y a une erreur quelque part ! Ou alors sommes-nous en face de la première œuvre de l’histoire de la musique qui ait été jouée… avant d’être composée !
Le festival de Cagnes-sur-Mer est un beau rendez vous annuel de musique sacrée sur la Côte d’Azur. Il est dû à un adjoint au maire, François Poutareau, lequel a accompli une carrière de choriste à l’Opéra de Nice. Voilà un homme politique qui « connaît la musique » – au sens authentique de l’expression ! On aimerait qu’il y en ait beaucoup comme lui dans tout le pays !…
Dans une église Notre-Dame-de-Mer qui débordait de public, les interprètes étaient l’orchestre Mario Braggio de Turin et le chœur philharmonique de Nice. Ils étaient dirigés par Giulio Magnanini. Ce très bon chef de chœur de l’Opéra de Nice chef fait partie de ces musiciens italiens qui « respirent la musique » et qui suscitent un irrésistible élan musical de la part de ceux qui sont sous sa baguette. A ses côtés se trouvait un très bon ténor soliste, Emmanuelle Bono, dernière recrue du chœur de l’opéra niçois.
L’ensemble vocal était constitué de choristes amateurs. On ne peut bien sûr attendre la même perfection qu’avec un ensemble professionnel. Mais, en des temps où le monde se déchire sous tous les horizons, quelle émotion de voir et d’entendre des gens qui chantent ensemble, qui s’unissent dans l’amour de la musique, qui cherchent entre eux l’harmonie de l’art et de la société ! Ils sont une image parfaite du « vivre ensemble » dont on a tant besoin par les temps qui courent. Et si l’avenir du monde passait par le chant choral ? Voilà les belles utopies que peuvent inspirer les festivals de musique sacrée. Celui de Cagnes-sur-Mer en particulier.
André PEYREGNE
26 novembre 2023
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