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FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN Quand « RACHMANINOV » rime avec « TRIFONOV » lors du brillant hommage à l’occasion du 150e anniversaire du compositeur !!!

FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN Quand « RACHMANINOV » rime avec « TRIFONOV » lors du brillant hommage à l’occasion du 150e anniversaire du compositeur !!!

vendredi 3 novembre 2023
© ANDREA KREMPER
Les 3, 4 et 5 novembre 2023, le PHILADELPHIA ORHESTRA, dirigé par Yannick Nezet-Seguin et Daniil Trifonov au piano, ont rendu un vibrant et exceptionnel hommage à RACHMANINOV, confirmant ainsi la longue histoire de musique entre eux.
En effet, Rachmaninov a dirigé le Philadelphia Orchestra pendant son premier séjour aux Etats-Unis en 1909-1910. Il a également enregistré ses propres œuvres avec l’Orchestre en 1929 et 1939. A partir de 1920, Rachmaninov a dirigé la phalange, joué et enregistré avec l’orchestre en tant que pianiste. Une grande amitié le liait à cet orchestre et aux deux directeurs musicaux qui dirigeaient l’orchestre du vivant de Rachmaninov : d’abord Leopold Stokowski (de 1912 à 1938) et Eugene Ormandy (de 1936 à 1980). 
La relation entre Rachmaninov et le Philadelphia Orchestra a atteint son point culminant en novembre 1939 avec le cycle Rachmaninov, une série de concerts consacrés au compositeur. Ces concerts ont mis en scène Rachmaninov, alors âgé de 66 ans dans différents rôles : pianiste, chef d’orchestre et invité particulier. Ce fut un grand succès commercial. Rachmaninov s’est produit encore cinq fois avec le Philadelphia Orchestra au début des années 1940, jusqu’à sa mort le 28 mars 1943, quelques jours avant son 70e anniversaire.
Lorsque Yannick Nézet-Seguin et Daniil Trifonov sont entrés sur le plateau du Festspielhaus de Baden-Baden, on ne peut s’empêcher d’observer tout ce qui les différencie : au pupitre, le chef canadien est musclé, gracieux. Son visage poupon lui donne un air de chérubin. Son vernis à ongle noir est assorti à sa tenue d’une élégance raffinée. Ses « Louboutin » avec paillettes, ses magnifiques boutons de manchettes scintillent selon ses mouvements. 
Au piano, Daniil Trifonov, avec ses cheveux longs, son visage pâle, couvert d’une épaisse barbe, fait plutôt penser à Raspoutine. Sa silhouette longiligne, vêtue d’un costume bleu marine un peu usé fait penser à un héros de Dostoïevski, bien fatigué. Immense pianiste et grand spécialiste de Rachmaninov, il dégage beaucoup de tendresse, mais aussi de la furie. Il est tellement engagé dans le répertoire du compositeur, qu’on l’appelle « Monsieur Rachmaninov ». 
En ouverture de la soirée, Yannick Nézet-Seguin dirige le Concerto n° 4, souvent appelée l’œuvre « mal aimée », avec une grande sensibilité, face  à l’impétuosité parfois un peu métallique de Trifonov. Il met en valeur toute l’ampleur des cordes aux sonorités suaves, en soutien au pianiste, mais en faisant ressortir le son magique du haut-bois et des cors. Très communicatif, le chef canadien regarde, sourit, suit du regard l’orchestre et le pianiste, qui semble planer dans un état de transe, les cheveux collés sur son front et ses doigts virevoltant sur le piano à une vitesse vertigineuse. 
La fusion parfaite entre les deux a permis de livrer une exécution éclatante et raffinée de ce Concerto n° 4. 
Acclamé par un public badois enthousiaste, Trifonov revient sur scène pour lui offrir un bis : la Vocalise op. 34 de Rachmaninov.  
Après la pause, le concert se poursuit avec la monumentale Symphonie N°2, la plus réussie, la plus longue et la plus populaire des trois symphonies de Rachmaninov. Il mettra 10 ans pour surmonter l’échec de la première symphonie et oser en composer une seconde. Elle a été écrite pendant l’hiver 1906-1907 à Dresde et créée le 26 janvier 1908 au Théâtre Marinsky à Saint Petersbourg sous la direction du compositeur.
Dans cette 2e symphonie Yannick Nézet-Seguin a mis en valeur la luxuriance et la tonalité si profonde du Philadelphia, pour nous livrer une interprétation hyper-expressive, brillante, virtuose, bref, plus américaine que russe. Attentif à tous les détails, il souligne les lignes lyriques avec précision et brio, mettant ainsi en valeur tous les pupitres : les cordes graves, le solo plaintif du cor, le duo entre le violon solo et le cor, et surtout la clarinette solo dans le mouvement lent de l’Allegro molto.
Le public enthousiaste se lève pour ovationner les musiciens. Yannick Nézet-Seguin, aussi exalté qu’épuisé par plus d’une heure de direction exceptionnelle, serre le premier violon dans ses bras, avance dans les rangs de l’orchestre pour serrer les mains de chaque musicien et les remercier. Après de nombreux rappels, Yannick Nézet-Seguin invite le public à revenir le lendemain soir !!!!
Magnifique, exaltante soirée avec un Philadelphia Orchestra et un chef sur la même longueur d’ondes.

Marie-Thérèse Werling
3 novembre 2023

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