Depuis sa nomination en qualité de directrice du Théâtre National de Nice, Muriel Mayette-Holtz a donné une réjouissante impulsion tous azimuts à cette institution en faisant sortir sa troupe hors les murs.
C’est ainsi qu’on a pu apprécier Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, aussi bien sur la colline du château de Nice que sur le port de Beaulieu, à Villefranche sur mer, et encore à Aspremont. Par ailleurs, des rendez-vous gratuits ont été fixés dans les jardins de la Promenade du Paillon intitulés « Les rendez-vous du jardin » pendant ce mois de septembre. L’auvent du kiosque du théâtre accueille en effet le samedi une programmation du public en famille (La Table bleue d’Inbal Yomtovian le 19 septembre et La Jalousie du barbouillé de Molière le 26 septembre).
Autre initiative particulièrement originale : les procès des personnages célèbres de l’histoire, de la mythologie ou de la littérature (Médée, Lady Macbeth, Lucrèce Borgia, etc.). Il s’agit évidemment de personnages hors normes, parfois monstrueux et qui ont pour point commun d’avoir perpétré des assassinats dans des circonstances singulières. L’idée est de réunir sur le plateau le procureur général et un avocat du Barreau de Nice qui doit, par sa force de conviction, tenter l’impossible pour que soit épargné l’accusé(e).
Pour le premier procès, il s’agissait de Médée, figure emblématique de la mythologie grecque, fille du roi de Colchide, présumée coupable d’avoir tué ses deux enfants nés de son union avec Jason, fils du roi d’Iolcos et conquérant de la toison d’or. Le procureur était, pour la circonstance, le comédien Augustin Bouchacourt qui fut, il y a peu, un remarquable Dorante dans Le Jeu de l’amour et du hasard et qui retraça avec précision les faits de ce double meurtre. Maître Françoise Assus-Juttner prenant ensuite la parole se lança dans une longue et vibrante plaidoirie de près d’une heure pour démontrer, avec talent et brio, tous les points qui militaient en faveur de l’acquittement de Médée. Les neuf jurés avaient été au préalable choisis parmi les spectateurs. In fine, après un court débat, et à la majorité des voix ils acquittèrent Médée, le bénéfice du doute et les circonstances atténuantes pertinemment développées par l’avocate ayant pesé lourd dans la décision.
Le prochain rendez-vous pour cette excellente initiative théâtrale et judiciaire est fixé au dimanche 27 septembre à 11 heures. Il s’agira du procès de Lady Macbeth. Augustin Bouchacourt en sera, à nouveau, le procureur général et c’est Maître Frédérique Grégoire-Concas qui aura la lourde tâche d’assurer la défense de ce personnage à nouveau hors normes.
Christian Jarniat