Les organisateurs du Printemps des arts avaient prévenu leur public : un billet acheté tenait lieu de passeport pour entrer en Principauté.
Les mélomanes frontaliers ne se le sont pas fait dire deux fois. Ils ont fréquenté le festival lors du week-end pascal.
Ils n’ont pas été déçus.
Les thèmes de l’année y ont été abondamment développés : la musique dodécaphonique, la musique oubliée du XXème. siècle, la musique méconnue de Liszt et le clavecin.
Pour ce qui est de la musique dodécaphonique, on a entendu le Kammerkonzert de Berg. Oeuvre peu facile, très « intellectuelle », mais rendue attrayante par le brio du violoniste Renaud Capuçon et du pianiste Bertrand Chamayou.
Concernant les musiques oubliées du XXème, on connaissait les noms des compositeurs Sammazeuilh, Ferroud, Decaux ou Aubert pour les avoir lus dans des histoires de la musique. Mais on n’avait jamais entendu leurs œuvres. Voilà, c’est fait ! L’émouvante pianiste Aline Piboule nous a fait en particulier découvrir des Clairs de lune de Decaux pleins d’atmosphère, et des pages d’Aubert coulantes de post-romantisme.
Pour ce qui est de la musique de Liszt, la pianiste Marie Vermeulin a été aussi étonnante que Bertrand Chamayou la semaine précédente. Ce n’est pas peu dire.
Mais un sommet a été atteint lors du récital de clavecin de Pierre Hantai. On savait que c’était un grand claveciniste. Mais la manière dont il a mené son récital, d’abord à pas feutrés puis à grandes enjambées et à pas de géant, a dépassé ce que nous attendions. Au fur et à mesure que se déroulaient les œuvres de Rameau et de Couperin, la musique transformait en cathédrale l’auditorium du Musée Océanographique. Ce sera l’un des grands moments du Printemps des arts, cette année.
André PEYREGNE