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Quatre derniers lieder de Strauss et Symphonie N°1 de Bruckner à l ’Opéra de Nice

Quatre derniers lieder de Strauss et Symphonie N°1 de Bruckner à l ’Opéra de Nice

vendredi 29 avril 2022
Annette Dasch et Daniele Callegari-Photo Opéra de Nice

En cette fin du mois d’avril, le concert symphonique à l’Opéra de Nice a été dédié, par la voix de la violoniste solo Vera Novakova, à la mémoire de Zela Terry violoncelliste solo de l’Orchestre Philharmonique disparue le 11 avril 2022. Cette musicienne de nationalité américaine avait commencé sa carrière à 19 ans à l’Orchestre Symphonique de Pittsburgh dirigée par André Prévin. Elle a ensuite intégré l’Orchestre Philharmonique de New-York et participé à de nombreux enregistrements tout en jouant dans le monde entier sous la baguette de chefs illustres. Après avoir occupé le poste de violoncelliste solo dans plusieurs orchestres internationaux, elle est devenue en 1990 violoncelliste super soliste à l’Orchestre Philharmonique de Nice et a fondé le quatuor à cordes Darius Milhaud.

La première partie de ce concert était consacrée aux quatre derniers lieder de Richard Strauss lesquels constituent le testament musical du compositeur décédé en 1949 à l’âge de 85 ans. Les textes des trois premiers poèmes ont été écrits par Hermann Hesse romancier et poète allemand (prix Nobel de  littérature en 1946). Le dernier Im Abendrot (Au crépuscule) est inspiré par Joseph Von Eichendorff, l’un des chantres du romantisme outre-Rhin. Ces lieder constituent un raccourci sur le cycle de la vie rythmé par les saisons : Frühling (Printemps), September (Septembre), Beim Schlafengehen (L’heure du sommeil) et Im Abendrot (Au crépuscule). Ils ont été créés en 1950 à Londres par la célèbre soprano Kirsten Flagstad sous la baguette de Wilhelm Furtwängler.

Ces magnifiques pages ont été interprétées à l’Opéra de Nice par la soprano berlinoise Annette Dasch connue pour avoir chanté au Festival de Bayreuth en 2010 le rôle d’Elsa dans Lohengrin de Wagner qu’elle a repris neuf ans plus tard (en remplacement d’Anna Netrebko). Elle a également chanté ce même emploi à la Scala de Milan. Cette cantatrice a en outre servi avec talent Mozart, Dvorak, Janácek, Weber, Strauss, Verdi, Puccini, Wagner, Weill… Elle a abordé également l’opérette avec Princesse Czardas, La Veuve joyeuse, La Chauve souris… Avant de se rendre à l’Opéra de Nice elle avait fait une importante prise de rôle au Théâtre National de Tokyo : celle de la Maréchale dans Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, ce qui nous conduit tout droit à sa frémissante interprétation des Quatre derniers lieder servis par une voix dont la sensibilité, l’émotion comme la suavité appartiennent aux grandes interprètes du répertoire germanique (comment ne pas penser à Elisabeth Schwarzkopf ?). Des tenues de phrases longues avec un admirable legato s’appuyant sur un médium consistant, des aigus lumineux et un souffle parfaitement contrôlé offrent tous les ingrédients de la séduction requise pour pareille œuvre. 

L’orchestre Philharmonique de l’Opéra de Nice l’accompagne avec chaleur et sensualité sous la baguette inspirée de Daniele Callegari lequel donne également en deuxième partie, avec la Symphonie n°1 d’Anton Bruckner, l’un de ses concerts les plus aboutis depuis sa nomination en qualité de directeur musical de la maison niçoise.
C’est au demeurant un maestro que les fervents amateurs d’art lyrique de notre région connaissent parfaitement et apprécient à sa juste valeur depuis plusieurs années pour l’avoir vu diriger à l’Opéra de Monte-Carlo nombre d’œuvres de jeunesse de Verdi : I Lombardi, Ernani, I due Foscari, Attila, I Masnadieri… Il s’est également illustré en Principauté avec Simon Boccanegra, Otello, La Bohême de Puccini. Les quatre mouvements de cette symphonie de Bruckner ont été conduits avec une admirable précision, une ardeur, une puissance et un rythme impressionnants. Il s’est attaché, en outre, à faire briller chacun des pupitres et a associé les instrumentistes aux saluts en les faisant longuement applaudir. On se réjouit du choix particulièrement pertinent de ce chef éminent pour la phalange niçoise. (A noter qu’à partir du 20 mai Daniele Callegari sera à nouveau au pupitre pour Macbeth de Verdi)

Christian JARNIAT

29 avril 2022

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