L’histoire d’un destin hors du commun mais néanmoins tragique d’un des génies du piano du siècle passé…voilà le thème de la nouvelle pièce d’Ivan Calbérac !
Ce dernier enchaîne depuis déjà plusieurs saisons les succès, devenant ainsi un auteur incontournable de la scène Française.
L’ Etudiante et monsieur Henri, Venise n’est pas en Italie, La Dégustation entre autres titres, ont fait l’objet d’une adaptation à l’écran, signe de la notoriété de ce prolifique dramaturge ; il est de surcroît traduit et monté dans de nombreux pays.
Glenn Gould commence le piano dès l’âge de deux ans et demi, poussé par sa mère qui rêvait d’être concertiste ; cette dernière aura une influence primordiale sur l’artiste le poussant aux confins de la perfection dans la maîtrise du piano mais faisant de lui un être qui ne pourra jamais s’adapter à une vie sociale et affective normale.
Il souffre en réalité du syndrôme d’Asperger et se révèle hypocondriaque et dépressif. De fait, chaque concert sera pour lui une souffrance qui ne fera qu’accentuer son mal de vivre. Quittant jeune la scène (et un public inconditionnel qu’il ne peut plus supporter), il terminera sa vie à cinquante ans victime d’un AVC, ayant vendu un nombre incalculable de disques au prix d’ une détresse morale et d’une déchéance physique indescriptibles.
Son interprétation des variations Goldberg le fera passer à la postérité, réinventant de manière révolutionnaire l’œuvre de Bach qu’il vénérait tant.
Véritable triomphe en Avignon cet été, la pièce est portée par six talentueux comédiens dont la révélation en la personne du jeune Thomas Gendronneau. Celui-ci brûle véritablement les planches ; nous sommes séduits, parfois amusés mais très émus par la véracité du personnage.
Josiane Stoléru en mère possessive est comme de coutume d’une grande justesse, on comprend clairement l’influence qu’elle a pu avoir sur le développement de l’artiste et sur son destin.
Ivan Calbérac signe ici une mise en scène particulièrement rythmée, enchaînant les lieux et les époques sans laisser le temps au spectateur le temps de souffler.
La musique est omniprésente dans le spectacle, représentant somme toute ” un personnage à part entière “.
Succès également annoncé dans la capitale, nous ne serons pas surpris de les retrouver en 2023 aux prochains Molières!
Théâtre du Petit Montparnasse
Philippe Pocidalo, le 8 septembre 2022