Faut-il parler de reprise pour ce Lily Passion de Barbara et Luc Plamondon donné à Limoges (coréalisation Université / Opéra) ? Recréation serait plus juste pour un spectacle créé en 1986 et dont on n’a pratiquement aucune image filmée, ni même la partition. Le chef d’orchestre et compositeur Patrice Peyriéras, internationalement reconnu, instrumentiste à 22 ans dans la production d’origine, travaillant sur ses souvenirs et le double album publié à l’époque, a totalement reconstitué la musique pour l’orchestre de l’Opéra de Limoges et trois brillantissimes solistes (Sébastien Farge, Jean-Philippe Audin, Cyrille Gabet).
L’histoire raconte les crimes perpétrés par David les soirs où chante Lily. On pouvait à la création lire ce titre de presse inspiré : « Dame noire et arme blanche ». Le metteur en scène Adrien Ledoux sans fermer aucune piste sait à la fois évoquer le drame intime de Barbara et illustrer par une allégorie exubérante le monde du spectacle auquel « la dame en noir » restait viscéralement attachée. Ainsi défilent, avec un arrière-plan animé et d’une théâtralité raffinée, les tubes de l’ouvrage : « Lily Passion », « Tango Indigo », « Emmène-moi dans ton île », « Qui est qui », et bien sûr, tube des tubes, « Ma plus belle histoire d’amour ». Nadine Béchade, souvent dans le mythique rocking-chair, sans jamais copier Barbara, distille magnifiquement les lignes mélodiques et les accents tourmentés du rôle. Henri Pauliat dans le rôle créé par Gérard Depardieu rend David inoubliable par une voix éloquente mais aussi une façon intense de projeter le texte parlé. Morgane Kabiry, Lily jeune, apporte elle aussi une touche très remarquée.
Didier Roumilhac
2 décembre 2022
