L’ évocation de cette trop méconnue vedette du début du siècle dernier nous arrive à Paris après de beaux succès remportés en province.
Jean-Christophe Born, à la fois interprète du spectacle et instigateur de cette aventure musicale haute en couleurs, nous interroge sur notre connaissance concernant l’artiste et nous en dit un peu plus : chanteuse, danseuse et actrice, son choix est d’embrasser une carrière artistique plutôt que celui d’un mariage qui lui ferait mener une vie bourgeoise toute tracée mais certainement un peu ennuyeuse. Désireuse de rester libre et indépendante financièrement, elle part à la conquête de la capitale, quittant son cher Marseille de cœur.
Des archives la situent à partir de 1900 dans des salles parisiennes de café-concert telles La Cigale, Le Parisiana ou bien encorE L’Alhambra jusqu’au Folies Bergère ainsi qu’au Moulin Rouge.
Son ambition d’aller encore plus haut dans la gloire la conduit tout d’abord à Londres, puis à New -York.
Amours tumultueuses avec le Roi du Portugal, il s’en suit une rencontre capitale avec Harry Pilcer qui restera son partenaire jusqu’à la fin de sa courte carrière. Emportée par la maladie à l’âge de 39 ans, elle effectuera auparavant un retour triomphal à Paris au Casino où la musique de jazz fait son apparition dans la revue Laisse les tomber ; elle inaugure pour l’occasion le mythique escalier qui accueillera ensuite “les pieds” de célébrités telles Mistinguett, Joséphine Baker ou Line Renaud ! Nous la retrouverons également dans quelques films au tout début du cinématographe.
Un colossal travail de recherches s’est avéré nécessaire pour nous conter “ce fabuleux destin de la première star de music-hall” voulu par nos auteurs.
Jean-Christophe Born que nous retrouvons en tête de distribution dans divers rôles (dont celui de Pilcer) a passé de longs mois à explorer les documentations et outils d’information mis à sa disposition pour restituer un portrait le plus proche possible de la vérité.
Mireille Ubbelohde-Doering s’est chargée de l’écriture, adaptation et traductions indispensables pour rendre les personnages parfaitement conformes au réel.
Nous avons pu applaudir une Gaby “de rêve” en la personne de Cléo Sénia qui prête ses traits à cette icône de la scène ; elle est à la fois drôle, séduisante et très touchante, nous faisant ressentir toute la fragilité de l’artiste mais aussi la rage de se surpasser telle une sportive de haut-niveau.
Un défilé impressionnant de costumes nous éblouit…plumes, strass, perles – rien ne manque à ces tableaux dignes d’une revue à grand spectacle – qui ne serait rien sans le pianiste fantaisiste Mark Nadler (Eugène) dont le charisme et la virtuosité ne sont plus à démontrer ; venu directement de Broadway, il s’est également chargé des arrangements du show. Il a choisi avec nos auteurs (citons également Catherine Sparta pour sa complicité artistique) des musiques toutes extraites du répertoire de Gaby.
Nos trois artistes, habilement chorégraphiés par Sébastien Oliveros, restituent une page unique dans l’histoire du music-hall dont Broadway a su tirer parti en créant entre autres les fameuses Ziegfeld Follies.
Hommage posthume à cette magnifique artiste marseillaise, il était grand temps de la découvrir ou redécouvrir à une époque où la revue n’est hélas plus un genre des plus représentés.
Philippe Pocidalo
12 mars 2023
https://theatredepassy.fr/spectacle/gaby-deslys/
les dimanches à 18h.
du jeudi au samedi à 19h,
