Logo-Resonances-Lyriques
Menu
Wonderful Town à l’Opéra de Nice

Wonderful Town à l’Opéra de Nice

vendredi 7 décembre 2018
Photo Dominique Jaussein

Centenaire de la naissance de Leonard Bernstein oblige, quelques théâtres ont, fort pertinemment, pensé à mettre à l’honneur l’un des musiciens les plus prodigieux du XXe siècle et qui a consacré une partie de sa carrière à la composition de comédies musicales ayant accédé à la notoriété internationale. Ainsi, l’Opéra de Marseille et le Théâtre des Champs Elysées à Paris ont uni leurs forces pour proposer une exceptionnelle version concertante de « Candide » que nous relatons également dans nos colonnes. De la même manière l’Orchestre Philharmonique de Nice a inscrit dans sa saison « Wonderful Town ». Soulignons qu’au mois de janvier 2018 l’Opéra de Toulon en avait affiché une version scénique dans une mise en scène d’Olivier Benezech. Il s’agissait en l’occurrence de la création en France de cette œuvre filmée par France Télévision et devant faire l’objet d’un DVD qui, à notre connaissance, est aussi la première captation sur scène.

Pour les trois représentations azuréennes la phalange niçoise est donc au complet remplissant en outre toutes les exigences concernant les cuivres, et notamment les saxophones, ainsi que les percussions. A l’instar du concert de l’Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle (édité en dvd), le directeur musical György G. Ráth a placé les chanteurs solistes au milieu de l’orchestre (et non devant celui-ci selon la disposition traditionnelle des versions d’œuvres lyriques en concert et comme ce fut le cas pour « Candide » à Marseille), peut-être dans le souhait de les rapprocher des artistes du chœur qui, dans cette œuvre, sont omniprésents et participent activement à l’action non seulement par leur chant mais également par leurs danses (on pense naturellement à la célèbre “Conga”, reprise en bis pendant que le public frappe des mains en cadence). L’orchestre prend un indéniable plaisir à swinguer et les solistes jouent également le jeu, démontrant que la musique n’a pas de frontières stylistiques. En effet, le baryton hongrois Adám Horvath passe allègrement de Wotan de la « Tétralogie » de Wagner qu’il chantait en juillet 2018 à l’éditeur Robert Baker (sur les mêmes traces que le célèbre baryton américain Thomas Hampson également titulaire de ce rôle comme de ceux de Verdi). Quant aux deux sœurs, qui quittent leur Ohio natal pour tenter leur chance dans le Greenwich Village de New York, elles sont incarnées respectivement par la soprano italienne Veronica Granatiero, qui fut sur cette même scène la Comtesse des « Noces de Figaro » en février 2018 et Zerlina de « Don Giovanni » en janvier 2019. Elle dessine dans le rôle une Eileen délurée et bien chantante, tandis que la mezzo-soprano Kamelia Kader, que l’on retrouvera en Mother Gosse au mois de mars dans « The Rake’s Progress » (La Carrière du libertin de Stravinsky), s’investit parfaitement dans le rôle de Ruth faisant alterner une indéniable exubérance teintée malgré tout de nostalgie.

Tout le reste de la distribution est confié (et c’est une excellente chose eu égard au résultat !) aux artistes du chœur de l’Opéra de Nice dirigé par Giulio Magnanini. Thierry Delaunay fait un grand numéro de music-hall dans le rôle de Wrek, le joueur de football américain. Il est vêtu pour la circonstance d’une tunique de sport rouge flamboyante avec un casque à visière et d’énormes gants et chante son air sur un rythme trépidant. Florent Chamard fait une intervention remarquée dans le guide touristique. Excellente prestation d’Eric Ferri qui a la délicate charge d’être le narrateur de l’œuvre mais également le premier éditeur et le premier policier. Citons encore Young-Ju Chang (second éditeur, deuxième policier), Andrea Ferrini (Franck Lippincott) François Poutaraud (Chick Clark) et Franck Bard (Officier Lonigan). Bien évidemment, la version de concert comporte un certain nombre de coupures et de ce fait certains personnages disparaissent au regard de la version scénique. Néanmoins, elle permet de se faire une idée assez précise de l’œuvre de Bernstein, d’autant que l’orchestre a été à la fête, donnant le meilleur de lui-même dans un rythme soutenu et bien porté par la baguette de György G. Ráth, particulièrement à l’aise dans ce répertoire qu’il paraît affectionner. A noter que le public a répondu présent puisque les trois concerts ont fait le plein.
Christian Jarniat
7 décembre 2018

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.