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Une histoire d’Amour, d’Alexis Michalik, au Théâtre Anthéa d’Antibes

Une histoire d’Amour, d’Alexis Michalik, au Théâtre Anthéa d’Antibes

vendredi 10 février 2023
Une histoire d’Amour © François Fonty

Qui ne connait pas le dramaturge et metteur en scène – également acteur, scénariste, réalisateur et écrivain ! – Alexis Michalik, se doit de découvrir sa plume et son art de la scène, ne serait-ce que dans Edmond, pièce réjouissante et ébouriffante, rendant hommage au mythique Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, avec une troupe de comédiens dans l’esprit des grandes épopées théâtrales du XIXème siècle ! (1). Tel un peintre, un photographe, un chorégraphe cultive son style propre, Alexis Michalik déploie l’envergure de sa signature, celle de la joie et de l’humour, de la tendresse et de l’espoir, de la fraîcheur enfantine et de l’énergie, de la marche en avant. Il fonce, porteur de ce message pour l’humanité, ce message d’authenticité et de dérision.
 
Il s’agit bien d’amour dans cette pièce, d’un véritable hymne à l’amour. Amour inattendu de deux jeunes femmes, Katia et Justine, l’une homosexuelle, l’autre non. Un amour véritable, entier, puissant, envers et contre tout et tous, qui va jusqu’au bout de ses mots, jusqu’au bout de ses actes. L’AMOUR, en somme ! Celui qui fait que l’on se sent bien avec soi-même, « que l’on s’aime plus », mieux, entièrement. Celui qui change la vie, celui qui inspire le bonheur. Celui qui fait la nique aux barricades !
 
Mais voilà… Le pire des ennemis n’est pas toujours celui qu’on croit. Ici, ce n’est pas la société qui lutte contre les deux jeunes femmes. Ce ne sont pas les conventions ni les coutumes qui entravent leurs projets les plus fous d’engagement absolu, totalement inattendu et inespéré. C’est… la volonté biologique, le désir féminin d’enfanter, les contradictions intérieures, la psychologie, la nature humaine. Dans ce même thème d’un amour intense et sans nuages, interrompu par les aléas de la vie, l’auteur dépeint en parallèle celui d’un écrivain et de son adorée, danseuse défunte dans un accident de voiture où il conduisait. Puisse le sentiment aimant être le plus authentique, le plus profond, le plus fervent, il n’a pas pour autant toujours raison de son destin !
 
Qu’importent les circonstances et leurs origines s’opposant à la réalisation d’un idéal amoureux; les personnages les entendent, les acceptent, les traversent, les dépassent avec une humanité à couper le souffle. Oui, l’amour et l’humour, deux alliés redoutables, s’avèrent être, à l’évidence, la clé du bonheur. « Il va falloir bosser sur le second degré » déclare le frère, William à sa petite nièce, Jeanne, dont il va devoir s’occuper à plein temps après la mort -proche- de sa sœur.
 
Ainsi s’écrit le message fondamental de l’auteur : la douleur est partout sur terre, et inévitable ; alors aimons fortement et sincèrement, acceptons, pardonnons, vivons, rions ! Le rideau s’ouvre et se referme dans la joie d’une chanson « Et pourtant » … triste et joyeuse de Charles Aznavour, résumant parfaitement ce message lancé telle une bouteille à la mer, celui de l’amour illimité et du détachement nécessaire.
 
Message positif de sagesse, également inspiré par l’observation des cycles de la vie, où le soleil vient toujours après la pluie ! Juliette Azzopardi illustre à merveille cette vérité dans ses décors qui se poussent les uns les autres comme les événements de la vie se succèdent dans la course du temps, dans la course au temps. Les accessoires et le mobilier glissent sur la scène à une vitesse vertigineuse, dans ce dynamisme et cette joie revendiqués et choisis par le dramaturge, représentés par la couleur, la vitesse et le rythme.
 
De même, dans cette volonté presque obstinée de vivre une vie heureuse coûte que coûte, cet appel à l’ouverture d’esprit lancé franchement et avec une aisance désarçonnante, pour toujours plus de simplicité et donc de bonheur à vivre. Pourquoi compliquer la vie ? Pourquoi refuser ou rejeter les envies ? A quoi bon juger les expériences et les aspirations ? Ici, l’homosexualité parait soudain si simple, si naturelle : « je t’ai aimée alors que j’aimais pas les femmes ». La présence des toilettes sur scène, jouant en toute intimité et en toute innocence, s’accorde à cette idée de vie fluide et sans problèmes.
Le jeu des acteurs est un véritable délice, une prouesse par l’authenticité des larmes dans le rire et une belle promesse pour la toute jeune actrice dans le rôle de l’adolescente : Jeanne (2).
 
Indubitable œuvre d’art que cette comédie, qui transcende la douleur de la vie par l’amour et l’humour. Et si la vie pouvait être heureuse malgré les épreuves ? Il ne tient qu’à nous, spectateurs, de tirer les leçons de cette pièce ! Ainsi se ponctue avec panache cette leçon de sagesse et de philosophie de notre Molière contemporain, déjà récompensé, non par hasard, de 5 prix dans la cérémonie du même nom ! Les amoureux de la pièce et les cinéphiles auront plaisir à retouver l’histoire sous un nouvel angle lors de la sortie du film le 12 avril prochain.(3)
 
Nathalie AUDIN
Vendredi 10 février 2023
 
(1) Voir le « libre » article d’Edmond, d’Alexis Michalik : http://www.resonances-lyriques.org/fr/chronique-detail/chroniques-operas/1262-edmond-dalexis-michalik-au-theatre-de-la-licorne-a-cannes.cfm
(2) Distribution du 10 et 11 février 2023 communiquée par Anthéa: Salome Benchimol, Marica Soyer, Alexia Giordano, Paul Lapierre, Lila Fernandez.
(3) https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=291946.html

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