Quoi ? On se rend à l’opéra de Monte-Carlo pour voir l’opéra baroque de Haendel Jules César et, lorsque le rideau s’ouvre, on voit apparaître un… bateau de croisière sur le Nil à l’époque des Années Folles !
On se frotte les yeux. On s’est trompé d’époque. Certains spectateurs s’étonnent. Ils décident de rester à quai. Peut-être assisteront-ils au spectacle les yeux fermés !
D’autres acceptent de se laisser embarquer. C’est notre cas. Car le spectacle est somptueux avec son décor de paquebot, la profusion de ses costumes, la richesse de ses éclairages, l’abondance de ses effets spéciaux. Ces derniers sont dus à un système de décors virtuels et d’images en 3 D appelé Gioforma et D-Wok (Rien à voir avec le wokisme!). Parmi les effets les plus étonnants, on a droit un largage de bombes jetées par des avions, qui incendient la mer. Frisson garanti sur scène et dans la salle.
Le metteur en scène Davide Livermore a employé les grands moyens. On échange des coups de pistolet, on fait des cabrioles, Cléopâtre apparaît en meneuse de revue, César en rocker, Ptolémée en déshabillé de soie. Le final se fait à la façon d’une opérette. Voilà Haendel à la mode Offenbach ! Ave César !
Qu’on adhère ou non à cette mise en scène, l’unanimité s’est faite sur la beauté des voix. Un vrai festival international !
Ici, ce n’est pas le nez de Cléopâtre qui nous intéresse mais la voix de Cecilia Bartoli. Elle est une reine – une reine des vocalises ! Son agilité, sa maîtrise font merveille. Son aisance est à la fois scénique et vocale.
Autour d’elle évolue un époustouflant trio de contre-ténors : Carlo Vistoli en Jules César, Max-Emmanuel Cencic en Sextus, Kangmin Kim en Sextus. Voici sur la scène de Monte-Carlo l’élite des contre-ténors internationaux ! La contralto Sara Mingardo est superbe. Le baryton Peter Kalman est un impressionnant Achille. (Aucun problème, côte talon !)
Il en est ainsi jusqu’au dernier rôle.
Et le capitaine dans tout cela ? Gianluca Capuano est épatant à la tête des Musiciens du Prince, sans faiblesse pendant les trois heures que dure le spectacle. A un moment il délègue sur scène son violon solo Thibaut Noally pour un duo mémorable avec Jules César.
Bien sûr, l’âme de tout cela est Cecilia Bartoli. Elle est à la fois l’interprète de Cléopâtre et la directrice de l’Opéra. N’hésitons pas à rendre à Bartoli ce qui appartient à César !
André PEYREGNE
30 janvier 2024
Direction Musicale : Gianluca Capuano
Mise en scène : Davide Livermore
Décors : Gioforma
Costumes : Mariana Fracasso
Lumières : Antonio Castro
Vidéos : D-WOK
Distribution :
Giulio Cesare : Carlo Vistoli
Cleopatra : Cecila Bartoli
Tolomeo : Max Emanuel Cencic
Cornelai : Sara Mingardo
Sesto : Kangmin Justin Kim
Achilla : Peter Kalman
Nireno : Federica Spatola
Curio : Luca Vianello
Choeur de l’Opéra de Monte-Carlo
Les Musiciens du Prince – Monaco