Décidément, le Philharmonique de Monte-Carlo aime le piano. Nous vous avons annoncé, dans un article précédent, qu’il avait programmé pour 2020 Krystian Zimerman dans l’intégrale des concertos de Beethoven.
Mais, dès cette saison, il a déjà fait fort en matière pianistique.
Coup sur coup, en mars et avril, il a invité trois géants du clavier. Le premier était l’incroyable Gregory Sokolov. Celui-ci n’a pas besoin d’un orchestre pour l’accompagner. Il est un philharmonique à lui tout seul. Ceux qui y ont assisté à son récital Rachmaninov ne sont pas près de l’oublier.
Le second pianiste était Mikhail Pletnev. On l’a entendu dans une œuvre jamais jouée de Tchaïkovsky : la Fantaisie opus 56. Cette œuvre qui présente une cadence de dix minutes pendant laquelle le piano joue seul et l’orchestre est au repos (Dix minutes, c’est long !) déborde de romantisme. Il faut voir Pletnev arriver en scène. Il a l’air d’un extra-terrestre. Il donne l’impression de se demander ce qu’il fait là : « Ah oui, je me rappelle, je suis venu vous jouer la Fantaisie de Tchaïkovksy » !… Il s’assied au piano et commence à jouer avec un air de ne pas y toucher. Mais il a beau donner l’impression de jouer du bout des doigts, il fait sortir des sonorités formidables de son piano. Il y a une sorte de miracle Pletnev.
Quant au troisième pianiste, c’était Arcadi Volodos. Là, je n’irai pas par quatre chemins : je dirai tout net que j’ai rarement entendu une aussi belle interprétation du « Troisième concerto » de Beethoven. Et pourtant, j’ai entendu cette œuvre des dizaines de fois. (JE l’ai même dirigée.) Tout semblait idéal : la beauté du son, la puissance, la maîtrise, la virtuosité. En plus, le chef d’orchestre Kazuki Yamada avait soigné chaque détail de son accompagnement orchestral, chaque entrée, chaque accent, chaque crescendo. Un total régal beethovénien !
AGAPIT