Dernière étape du marathon* des festivals d’été en Autriche à Baden prés de Vienne. Deuxième partie au Staddtheater.
Énumérer les succès du compositeur britannique Andrew Llyod Weber reviendrait presque à passer en revue les titres des comédies musicales à l’affiche actuellement ou ayant fait l’objet d’une reprise cinématographique comme: Jésus-Christ Superstar, Evita, Cats, Le Fantôme de l’opéra et nombre d’autres titres moins connus en France mais qui sont autant de succès outre -Manche et outre-Atlantique.
Sunset boulevard (Boulevard du crépuscule) est tiré d’un film américain de Billy Wilder, sorti sur les écrans en 1950 et couronné par 3 oscars. La comédie musicale a été créée en 1993 à Londres et a reçu de nombreux prix, dont celui de la meilleure comédie musicale et pour Glenn Close celui de meilleure actrice pour ses nombreuses interprétations à Broadway.
Sunset Boulevard fait référence à la célèbre artère qui traverse Los Angeles et Beverly Hills, bordée des riches villas de vedettes hollywoodiennes. L’histoire suit l’intrigue du film retraçant la rencontre entre une vedette du cinéma muet (Norma Desmond) recluse dans sa villa donnant sur le mythique boulevard dont la vie est bouleversée par l’arrivée d’un jeune scénariste malchanceux (Joe Gillis). L’ex star des écrans va tomber amoureuse de ce dernier et l’enfermer – dans tous les sens du terme – afin qu’il termine un scenario de Salomé qui lui permettrait, dans son fantasme, un retour triomphal sur les plateaux des studios. On comprend que Norma sombre peu à peu dans un délire meurtrier lorsqu’elle apprend que Gillis va rejoindre Betty une jeune secrétaire de la Paramount. Elle tue son jeune amant et c’est par un flash-back que commence l’ouvrage.
La mise en scène a été confiée à Andreas Gergen, scénographe réputé, (que l’on retrouvera l’année prochaine à Mörbisch pour Mamma Mia ! ). Les décors sont signés Christian Floeren et les éclairages et projections Andreas Ivancsics (magnifiques incrustations de courses-poursuites, de films muets, des studios d’Hollywood). Un immense escalier blanc modulable suggère les différents lieux complétés par quelques décors venus des cintres : robes de soirée, lustres, tables de la villa de Norma. Le plateau se transforme à vue en fête dans les studios uniquement par l’apport d’un magnifique comptoir de bar. Très belle idée également de faire apparaître des mimes entièrement vêtus d’or comme des répliques des célèbres oscars du cinéma auxquels la diva rêve en permanence dans son monde, protégée par son maître d’hôtel Max magistralement interprété par Beppo Binder.
Nous ne pouvons citer tous les nombreux artisans de cette réussite, mais il faut néanmoins souligner l’excellente prestation de Dorina Garuci (Betty). Toutefois il est indéniable que le spectacle est porté à son paroxysme émotionnel par le couple vedette. Lukas Permann (Joe), qui a l’âge du rôle, nous fait partager à ce point les contradictions de ses sentiments pour cette vieille actrice qu’on ne peut être insensible aux déchirements de son interprétation.
Maya Hakvoort est une habituée des comédies musicales, et même, à la lecture de sa biographie, une experte. Sa Norma Desmond se révèle fascinante, glamour mais également émouvante, sexy et attachante sans effets inutiles. Elle est altière dans ses magnifiques et luxueuses tenues, vibrante dans ses pleurs et cris de désespoir alternant avec ses accès de fureur.
On ne ressort pas émotionnellement indemne d’une telle représentation, soutenue avec brio par l’orchestre et les chœurs de Baden sous la direction de Andjelko Igrec. Louons une fois de plus les danseurs (chorégraphies Sabine Arthold), les chœurs et les musiciens qui chaque soir alternent les genres musicaux dans ce Festival qui a su fidéliser un public nombreux.
Interminables rappels, standing ovation et triomphe d’une salle archi-comble pour ces 11 représentations de l’ouvrage.
20 août 2022
Extraits : https://www.youtube.com/watch?v=4IW92-Pt76A
Marie-Catherine Pellegrin-Guigues
La très riche saison 2022-2023 de Baden est à retrouver : https://www.buehnebaden.at/de
Pour la saison d’été sont prévus : Le Comte de Luxembourg (Lehár), Cabaret (Kander) et Parade de Printemps (Stolz).
