Cette 50ème édition du Festival della Valle d’Itria a vu la magnifique interprétation de la mezzo Cecilia Molinari dans le rôle-titre d’Ariodante de Haendel, opéra présenté au Teatro Verdi di Martina Franca et qui a constitué un moment fort de cette édition.
Le chef d’œuvre du compositeur Georg Friedrich Händel, inspiré d’un épisode d’Orlando furioso de Ludovico Ariosto, a été représenté à partir d’une nouvelle édition critique de Bernardo Ticci. Sous la direction énergique de Federico Maria Sardelli, l’ensemble baroque Modo Antiquo a joué avec une précision et une vigueur remarquables. Sardelli a su insuffler une dynamique vivante à la partition de Haendel, tout en respectant l’authenticité stylistique de l’époque.
La mise en scène de Torsten Fischer sobre et élégante, dans les décors minimalistes en noir et blanc de Herbert Schäfer, a permis de mettre en valeur l’expression dramatique du jeu des artistes. Les costumes raffinés de Vasilis Triantafillopoulos renforçant l’ambiance baroque avec une touche fantastique.
Une ovation unanime des spectateurs a salué la prestation de Cecilia Molinari, elle nous a offert ce soir, le luxe d’une reprise da capo de l’air « Dopo notte, atra e funesta» tant sa facilité à chanter, sa maîtrise de la vocalise et son souffle lui ont permis de venir à bout de cet air exigeant sans oublier au deuxième acte l’autre air plus délicat « Scherza infida », des moments suspendus dans une salle totalement subjuguée par la splendide représentation.
Francesca Lombardi Mazzulli, après un temps passé à trouver la juste intonation et la fluidité de la vocalise, a incarné une Ginevra touchante d’un engagement juste et émouvant.
Le méchant de l’histoire Polinesso, seul personnage à avoir le visage grimé façon Joker dans Batman ou musicien du groupe rock Kiss, est interprété par Teresa Iervolino, d’une voix puissante et où l’agressivité expressive caractérise ce rôle qui connaît une fin tragique. Complètent brillamment dans les rôles secondaires, Biagio Pizzuti en roi d’Écosse à la voix puissante et émouvant dans son air « Al sen ti stringo e parto » accompagné à la flûte par Sardelli lui-même, Théodora Raftis une soprano léger au style baroque affirmé, Manuel Amati, ténor et enfant du pays, qui chante un Lucarnio de belle facture même si la voix sonne nasillarde et enfin Manuel Caputo (Odoardo) qui n’a pas d’air mais participe à la réussite de la soirée.
Irma FOLETTI
29 juillet 2024
Direction musicale : Federico Maria Sardelli
Mise en scène : Torsten Fischer
Scénographie : Herbert Schäfer
Costumes : Vasilis Triantafillopoulos
Distribution :
Ariodante : Cecilia Molinari
Ginevra : Francesca Lombardi Mazzulli
Polinesso : Teresa Iervolino
Re di Scozia : Biagio Pizzuti
Lucarnio : Manuel Amati
Dalinda : Théodora Raftis
Odoardo : Manuel Caputo
Orchestra Barocca Modo Antiquo