Logo-Resonances-Lyriques
Menu
Standing ovation pour l’escale de Marius de Marcel Pagnol à Cannes

Standing ovation pour l’escale de Marius de Marcel Pagnol à Cannes

samedi 9 novembre 2024
©Jacques Trevisan 

Un moment de théâtre rare a fait vibrer la scène du théâtre Palais Stéphanie à Cannes pour la représentation de Marius, par la Compagnie Jacques Biagini, portée par une troupe en état de grâce. On affichait complet et l’on comprend aisément pourquoi. Sous les applaudissements nourris des spectateurs conquis, cette production du chef-d’œuvre de Marcel Pagnol où s’entremêlent ironie joyeuse, blagues et émotion constitue un superbe hommage aux personnages iconiques du Bar de la Marine.

En ouverture de la pièce – sur un fond musical évocateur – Marius (Julien Bodet) entre en scène et le temps semble suspendu. Tous les regards se fixent sur lui et la magie opère immédiatement. Il rayonne, il s’impose. En deux respirations, il entraîne le public dans cet univers intemporel, donnant vie à l’essence même de ce jeune marseillais tiraillé entre l’amour et l’irrépressible envie d’ailleurs.

Marius et Cesar 3
©Alain Lafon

Frédéric Achard en César offre au public un moment de théâtre pur, où comédie et tragédie s’équilibrent à la perfection. D’une carrure imposante, il insuffle à son personnage une profondeur d’âme impressionnante, jouant de sa voix grave comme d’un orgue, mêlant force et fragilité. Sa prestation évoque l’image d’un « lion superbe et généreux »  selon les termes que Victor Hugo emploie en d’autres circonstances mais qui s’appliquent ici à merveille pour un homme simple au grand cœur, tour à tour gigantesque et vulnérable. Rarement on a vu incarner pareil rôle avec une telle intensité, entre rires et larmes.

Cesar et Fanny 1
©Alain Lafon

Fanny (Patritsia Koeva) par sa fraîcheur et sa jeunesse peut légitimement revendiquer l’âge de l’héroïne (qui, dans le texte, n’a que 18 ans). Elle en possède l’espièglerie, l’apparente insouciante, mais aussi la part de sensualité qui marque le passage de la jeune adolescente à la femme amoureuse prête à se sacrifier pour sauvegarder l’aspiration à la liberté de l’homme qu’elle aime. Rôle particulièrement difficile par la multiplicité de tous ces sentiments qu’il convient de conjuguer et d’exprimer avec subtilité et justesse, ce qu’elle réussit avec un indéniable bonheur.

Christiane Conil, capte l’attention avec sa pittoresque Honorine alliant présence marseillaise et gouaille irrésistible. Une émotion palpable traverse ses échanges, révélant la profondeur et la tendresse d’une mère qui, sans jamais perdre son humour, nous entraîne dans son univers.

Cesar Brun Escart
©Alain Lafon

La partition de Panisse, interprétée par Patrick Massone, impressionne par sa classe naturelle. Dans cet emploi délicat, il apporte une humanité discrète, infusant son personnage d’une élégance touchante, qui rappelle que, sous la bonhomie, se cache une âme profondément sensible.

Escartefigue (Fabien Rouman), dessine à merveille l’ami fidèle, ajoutant une touche de drôlerie sincère lors de la célèbre partie de cartes. Cette scène anthologique de comédie légère et ironique apaise le drame sous-jacent, permettant en outre un instant de complicité désopilante avec l’auditoire.

Les spectateurs ont pu en outre admirer les talents de clown de Pierre Blain dans le rôle du lyonnais Monsieur Brun « l’étranger » emprunté autant que pittoresque dans cette saga marseillaise notamment dans l’épisode du jeu de l’écarté particulièrement irrésistible.

Dans la mise en scène de Frédéric Achard, chaque détail transporte le spectateur en Provence. On voit de vieilles photos (touchant hommage à la mère de Frédéric Achard), des affiches des films d’époque collées sur les murs et les costumes évoquant irrésistiblement un Marseille d’antan, tandis que les lumières, presque « cinématographiques », exaltent les passages clés. Les musiques, choisies avec soin, enrichissent chaque séquence, mettant en relief la force comme la conviction des interprétations.

Au-delà des régionalismes et des expressions typiques du terroir, saluons la scène ou trois comédiens chantent en provençal « Beven bèn » (extrait de la pastorale Maurel).

Marius nous parle de nous, de nos rêves, de nos failles et bien naturellement de nos amours.

Marius saluts
©Alain Lafon

À la fin de la représentation, une standing ovation doublée d’acclamations largement méritées, ont salué cette troupe passionnée qui porte cette production avec une énergie communicative et une maîtrise admirable tant de la tragédie que du comique.

Cécile Day Beaubié
9 novembre 2024

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.