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ROBINSON CRUSOÉ – Théâtre des Champs-Élysées

ROBINSON CRUSOÉ – Théâtre des Champs-Élysées

lundi 8 décembre 2025

© Vincent PONTET

Voilà bien une heureuse initiative que le tandem Marc Minkowski-Laurent Pelly (déjà complices pour quatre productions d’Offenbach) ont eu à ressusciter cet ouvrage rare du Roi du second empire.

Ce Robinson Crusoé créé en 1867 (la même année que La Grande-Duchesse de Gérolstein) au Théâtre Impérial de l’Opéra-Comique, marque un tournant important dans la carrière du compositeur.

Ce dernier, bien que couronné de nombreux succès antérieurs et inlassablement en quête d’une reconnaissance du monde musical, souhaitait plus fort que tout accéder à “la cour des grands”.

Il ne rêve plus que de sérieux; son choix se porte alors sur l’ouvrage de Daniel Defoe, aidé pour le livret par Hector Crémieux et Eugène Cormon (auteur des Deux orphelines). Un projet très certainement ambitieux qui traite de sujets brûlants tels le rapport des occidentaux face à un peuple de sauvages…

Modernité du propos sans nul doute, celui-ci nous interpelle encore aujourd’hui…

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© Vincent PONTET

Qu’en est-il du résultat à l’époque ?

Un succès honorable qui permet cependant à la presse de lui reconnaître une imagination piquante et délicate, ouvrant ainsi la porte à une modernisation du genre de l’opéra -comique. 

Le ton de certains ouvrages représentés jusqu’à sa mort se voudra tout autant grave : on pense en particulier à Fantasio (1872), échec cuisant et bien sûr à son chef-d’œuvre ultime Les Contes d’Hoffmann.

Offenbach symbole de gaieté et de légèreté se devait pétiller comme des bulles de champagne pour rencontrer l’adhésion de son public qui l’attendait sur ce terrain. 

Peu monté dans l’hexagone (mis à part une production de 1986 signée Robert Dhéry par l’Opéra de Paris), Robinson retrouve aujourd’hui de belles couleurs. 

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© Vincent PONTET

L’ambiance un peu déconcertante de la scénographe Chantal Thomas (autre fidèle de la team ) nous sommes tout d’abord transportés dans la demeure familiale du jeune Robinson, dans des décors et costumes années 60 qu’elle affectionne tout particulièrement.

Nous serons ensuite vers l’an 2000, où la triste réalité de la précarité de nos héros aux pieds de gratte-ciel nous sera signifiée ; leur seul refuge sera des tentes que les migrants connaissent bien.

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© Vincent PONTET

Enfin nous nous trouverons dans une chaîne de fast-food ou les barbares, répliques de Donald Trump, débiterons de la chair humaine, volonté de Laurent Pelly d’inscrire l’action dans le monde actuel.

Entre rires francs et rires jaunes, son efficace créativité nous met en joie.

La mise au goût du jour du texte par Agathe Mélinand (on ne change définitivement pas une équipe qui gagne) se révèle cinglante et fort à propos.

Que l’on adhère ou pas à cette détonante relecture de l’ouvrage, l’incontestable réussite réside en l’incroyable plateau musical qui l’a transcendée et permis d’obtenir un sans faute .

Marc Minkowski conduit ses musiciens du Louvre comme à l’accoutumée avec fougue et passion.

Superbe prestation également du chœur Accentus qui trouve ici l’occasion non seulement de chanter mais de participer activement à l’action.

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© Vincent PONTET

Sahy Ratia (que l’on avait pu apprécier ici-même dans La Fille du régiment) campe un étincelant Robinson, entouré par les non moins talentueuses Julie Fuchs (Edwige) et Adèle Charvet (Vendredi) , les deux déployant des qualités non seulement vocales mais aussi de fines comédiennes.

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© Vincent PONTET

Marc Mauillon (Toby) forme un couple épatant avec Emma Fekete (Suzanne) tandis que les parents Julie Pasturaud (Deborah) et Laurent Naouri (Sir William) nous charment tout autant.

Rodolphe Briand (Jim Cocks) brille par son espièglerie, tandis que Matthieu Toulouse complète une distribution parfaitement homogène.

L’accueil enthousiaste du public atteste de la qualité de ce revival que l’on n’espérait plus voir sur une de nos scènes françaises ! 

Philippe Pocidalo
8 décembre 2025 

Direction musicale : Marc Minkowski
Mise en scène, costumes : Laurent Pelly
Adaptation des dialogues, dramaturgie : Agathe Mélinand
Scénographie : Chantal Thomas
Lumières : Michel Le Borgne

Robinson : Sahy Ratia
Edwige : Julie Fuchs
Vendredi : Adèle Charvet
Sir William Crusoé : Laurent Naouri
Toby : Marc Mauillon
Jim-Cocks : Rodolphe Briand
Suzanne : Emma Fekete
Deborah : Julie Pasturaud
Atkins : Matthieu Toulouse

Figurants
Dan Azoulay, Antoine Lafon, José-Maria Mantilla, Pascal Oumakhlouf

Les Musiciens du Louvre
Accentus
Chef de chœur : Louis Gal

Coproduction Théâtre des Champs-Élysées / Angers Nantes Opéra / Opéra de Rennes
En collaboration avec le Palazzetto Bru Zane

Opéra diffusé par France Musique le 10 janvier à 20 heures dans l’émission Samedi à l’opéra présenté par Judith Chaine.
Puis disponible en streaming sur le site de France Musique et l’appli Radio France


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